Le jugement du « Monde » déclare que Border Line est un film à ne pas manquer. Les réalisateurs de ce film, Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas, tous deux quadragénaires provenant du Venezuela et résidant désormais en Espagne, sont passionnément amoureux du cinéma américain des années 1970. Cette époque est le reflet d’un mouvement contestataire, qui, loin de chercher à créer des illusions, souhaitait exposer les injustices, notamment dans des thrillers palpitants. Leur héritage culturel est très présent dans leur film, notamment grâce à des références à des films comme Un après-midi de chien de Sidney Lumet, qui met en scène Al Pacino dans le rôle d’un voleur de banque confus, entouré des employés qu’il a pris en otage.
Leur premier long-métrage, Border Line, raconte l’histoire effrayante d’un couple de Barcelone coincé dans un aéroport proche de New York. Ce film a remporté le Grand Prix du jury au Festival Premiers Plans d’Angers.
Elena (interprétée par Bruna Cusi), une Espagnole, et son compagnon Diego (joué par Alberto Ammann), d’origine vénézuélienne, décident de quitter l’Espagne et de tenter leur chance aux États-Unis. Le film les présente comme un jeune couple amoureux et optimiste, bien que Diego paraisse légèrement nerveux. Elena est danseuse et Diego est urbaniste. En tant qu’Amérique latine, il est conscient qu’il sera scruté lors de son arrivée sur le sol américain, bien que le public ne connaisse pas encore la véritable histoire.
Le suspense du film repose sur une question : le couple obtiendra-t-il son visa d’immigrant ? Alberto Ammann, sans avoir l’air fou d’Al Pacino, parvient à incarner la nervosité de son personnage. L’acteur espagnol utilise subtilement le langage du corps et d’autres petits signaux pour montrer l’inquiétude de son personnage, comme Diego qui cligne fréquemment des yeux, cherche fébrilement ses papiers, ou semble avoir besoin de se rassurer, ce qui suggère son inquiétude croissante.
En arrivant à New York par avion, Diego examine attentivement les visages des officiers de l’immigration qui se trouvent derrière leurs guichets, alors qu’il attend son tour pour montrer ses documents. Il essaye d’identifier celui qui semble le plus indulgent, mais l’officier qui contrôle son passeport semble plutôt sévère. Au bout de quelques minutes de vérifications standard, l’officier demande au couple de l’accompagner pour des « vérifications supplémentaires ». Moins de quinze minutes plus tard, ils quittent la lumière du jour pour descendre dans les bureaux éclairés au néon situés aux niveaux inférieurs de l’aéroport.
Dans les entrailles de l’aéroport, le film Border Line ne sombre pas dans une fiction dystopique, mais se plonge plutôt dans une réalité glaçante qu’inspirent des témoignages réels. Les réalisateurs nous immergent dans la dramatique expérience d’un interrogatoire typique auquel un couple soupçonné de mariage de convenance peut être soumis aux États-Unis. L’individu se trouve soudain dans une zone d’ombre où certains droits fondamentaux lui sont niés, comme le droit d’utiliser son téléphone pour passer un appel.
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