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Pour appréhender l’importance de ce deuxième chapitre de The Jinx, il est nécessaire de se rappeler de l’évènement judiciaire et médiatique notable qu’a constitué, aux Etats-Unis, la diffusion de la première partie, et en particulier son dernier épisode. Dans cet épisode, l’opulent héritier Robert Durst avouait, à son insu, grâce à un microphone resté allumé pendant qu’il se rendait aux toilettes, avoir « tous tués ». Les disparitions inexplicables de Kathleen McCormack, son ancienne épouse, en 1982, de Susan Berman, une amie, en 2000, et de Morris Black, un voisin, en 2001, avaient enfin commencé à être éclairées.
Quand cet épisode est diffusé, en mars 2015, le FBI est informé depuis longtemps – les producteurs du documentaire n’ont pas le droit de garder l’information pour eux – et Robert Durst vient d’être arrêté alors qu’il tentait de quitter le pays. Andrew Jarecki aurait pu se contenter de cela, mais le réalisateur, également auteur du documentaire acclamé Capturing the Friedmans (2003), a décidé de maintenir la caméra en marche.
La deuxième saison de The Jinx révèle donc les circonstances de l’arrestation de Durst suite à son bévue flagrante. Elle permet aussi de suivre le procès qui en a découlé, pour le meurtre de Susan Berman.
Personnalité singulière
Ces nouveaux épisodes, qui prennent par moment l’apparence d’un making-of de la première saison (Andrew Jarecki apparaît parfois à l’écran), tentent d’éclaircir un peu du voile mystérieux entourant la personnalité et la vie de ce fils d’un promoteur immobilier, parsemée curieusement de morts mystérieux : le fameux « guigne » (« jinx », en anglais) du titre. »
Dans un style qui s’apparente aux meilleurs documentaires de vérité, The Jinx contourne l’absence de suspense et de révélations – le sujet accusé, décédé en 2022, a évité de s’entretenir avec Jarecki après son arrestation – en se concentrant sur les proches de Durst qui passent tour à tour à la barre, scrutés sans merci par John Lewin, l’investigateur chargé de rouvrir les affaires non résolues qui sont liées à Durst.
Les détails ressurgissent deux décennies après les événements, de nouveaux documents sont ajoutés au dossier, les témoignages se rétractent ou se dévoilent et parfois la vérité émerge. C’est ce frémissement d’actualité que Andrew Jarecki poursuit avec patience, ce qui rend ce défilé de personnages, parfois burlesques et dont la médiocrité démontre la corruption que l’argent peut engendrer, si fascinant.
La question demeure : dans quelle mesure cette saison de The Jinx parviendra à cerner le personnage exceptionnel de Robert Durst, tellement imbu de lui-même qu’il semble orchestrer, même inconsciemment, sa propre chute. Etant donné que HBO a choisi de ne pas diffuser les deux derniers épisodes de la saison, il est raisonnable de penser qu’ils réservent encore quelques surprises.
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