Catégories: Culture
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28 avril 2024 3 h 12 min

« Dani Rosenberg : ‘Le Déserteur’ rencontre réalité »

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La réalité et la fiction peuvent parfois se miroiter de manière inconfortable. C’est le cas du deuxième film de Dani Rosenberg intitulé « Le Déserteur », qui raconte l’histoire d’un jeune soldat israélien, Shlomi (joué par Ido Tako), qui quitte Gaza pour Tel Aviv dans un espoir fou de retrouver son amoureuse et de vivre sa vie. Le film a concouru à Locarno en août 2023 et a été présenté lors du Festival International du film de Pusan en Corée du Sud le 8 octobre 2023, un jour après une attaque du Hamas en Israël.

Cela a été un véritable choc pour les spectateurs et le réalisateur de voir le personnage à la frontière de Gaza, arrivant à la base militaire de Zikim sur grand écran, l’un des points par lesquels le Hamas avait envahi Israël la veille. Dani Rosenberg, né en 1979 et vivant à Tel Aviv, explique que « Le Déserteur » est inspiré de ses « angoisses personnelles » par rapport à la situation géopolitique en Israël.

Il se souvient de sa réaction à l’attaque du Hamas alors qu’il était loin de chez lui. Il venait tout juste d’atterrir à l’aéroport de Pusan à midi le 7 octobre 2023 quand il a découvert les nouvelles sur son téléphone. Bouleversé, il voulait rentrer chez lui, mais la présentation de son film était prévue pour le lendemain. Durant la projection, il s’est rendu compte que son film s’effondrait devant la réalité. Un village qu’ils avaient filmé avait été attaqué… Il avait l’impression de perdre pied, « Le Déserteur » ne décrivait ni le présent ni un futur viable, il ne savait plus quelle en était la place dans le temps.

L’attaque du Hamas n’était pas totalement inattendue, vu que nous vivons constamment au bord d’un précipice, semblable à vivre à Pompéi, avec le Vésuve juste à côté. On avait une sinistre intuition que quelque chose s’apprêtait à se produire, vu qu’il y a tant d’années de colonisation des terres palestiniennes qui sont derrière tout cela…

Comment est la vie à Tel-Aviv, si proche de Gaza, qui n’a pas cessé d’être bombardée pour les derniers six mois ?
Après mon retour du festival de Pusan, j’ai remarqué que Tel-Aviv, qui est pourtant toujours pleine de vie, était devenue une ville déserte. Cependant, quelques semaines plus tard, la ville semblait avoir retrouvé toute son effervescence, plus intense qu’avant. Une vigueur boulimique se fait sentir, tout comme l’évoque ce verset biblique de Saint Paul : « Mangeons, buvons, car demain nous mourrons. » Inconsciemment, nous réalisons que nous sommes à une heure de route d’un véritable enfer. Nous pouvons refouler cette réalité, ce qui peut nous conduire à un comportement maniaco-dépressif qui a toujours été emblématique de la société israélienne.
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