Selon Le Monde, il est facile de sous-estimer nos aînés, en les décrivant comme mignons ou en s’attendant à ce qu’ils perdent leurs capacités mentales ou physiques. Pour contester ces préjugés sur la vieillesse, le réalisateur bavarois Claus Drexel, également connu pour son travail en fiction, s’est aventuré sur les routes de France pour rencontrer un certain nombre d’entre eux.
Ils ont entre 80 et plus de 100 ans, vivant dans diverses régions de France allant de l’Alsace à la Corse, et proviennent de diverses couches de la société, y compris un baron, d’anciens pêcheurs et agriculteurs, et des travailleurs de chantiers navals. Drexel et sa petite équipe ont recueilli des portraits personnels de ces individus, capturés dans leurs habitats respectifs, que ce soit à la maison ou en Ehpad. Souvent seuls, mais parfois en couple ou entre amis, ils partagent leurs récits, leurs pensées et leurs sentiments, qui représentent leurs « morceaux choisis » dans le documentaire intitulé « Les Vieux ».
Même si cette mise en scène frontale paraît simple, elle donne naissance, à travers des touches impressionnistes, à une comédie humaine poignante qui aborde le thème du vieillissement et les moments marquants de l’existence. On y rencontre des personnages désordonnés, maniaques, élégants, nostalgiques, modernes, prévoyants… L’un d’eux commente : « J’ai trouvé un guide pour mettre fin à mes jours sur les quais, mais les médicaments mentionnés n’existent plus ». Une femme de plus de 90 ans, vive d’esprit malgré son âge, rêve : « Si seulement je pouvais placer ma tête sur des jambes, je courrais comme un chevreau ». Assise dans une mise en scène évoquant une « nature morte » (caméra fixe et personnages assis), cette ancienne conférencière juive, qui vit seule depuis l’arrestation de sa famille, se remémore le geste d’un homme qui lui avait serré la main le premier jour où elle portait l’étoile jaune, ainsi que ses paroles : « Mademoiselle, j’ai honte d’être français ». Selon elle, « seule la guerre compte vraiment. Tout le reste, ce n’est que de la fiction ». Voilà une œuvre stylisée.
Dans nos sociétés dont l’attention se porte sur la productivité et le gain, nos aînés sont souvent ignorés. Pourtant, au gré de ce périple à travers l’hexagone, chaque souvenir individuel, souvent riche en imagerie, confère à ce voyage une teinte d’histoire collective, avec ses transformation linguistiques, sociales et politiques à travers les années. Nombreux sont ceux qui évoquent la période de 39-45, détaillent la solitude – à ne pas confondre avec « l’isolation… c’est mortel », prévient l’une d’entre elles -, et se questionnent sur leur valeur, offrant une matière à penser. Le film semble parfois servir de guide sur « comment mieux vivre », avec des conseils prodigués par des personnes de bon cœur – ici, pas de mesquinerie. On observe avec intérêt le passé se fondre avec l’avenir pour envisager le futur à travers le prisme de l’expérience. Un couple relate l’ouverture d’une maison associative pour occuper des jeunes en difficulté pendant l’été, suite à un cambriolage perpétré par ces derniers. Ainsi, même en face de l’adversité, ils ne deviennent pas rancuniers. « L’uniformité n’est pas synonyme d’unité », philosophe un autre.
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