Lankum, parfois orthographié Lamkin ou Lambkin, est une créature effrayante mentionnée dans une macabre comptine provenant probablement d’Écosse ou de Northumbrie, au nord de l’Angleterre. Cette comptine participe au genre des ballades de meurtres, car elle relate la mort d’un nourrisson et de sa mère perpétrée par ce personnage sans pitié. En Irlande, le conte oral a été enregistré par le chanteur voyageur John Reilly (1926-1969) sous le titre False Lankum. Ce titre a ensuite été repris en 2016 par l’ensemble le plus innovant et stupéfiant de la scène folk d’aujourd’hui : le groupe dublinois Lankum.
« Il incarne le mal », tremble Radie Peat, chanteur et polyinstrumentiste du quatuor, comme ses trois compères. « Il tue le bébé à l’aide d’une épingle, puis sa mère qui a été réveillée. Le sang est recueilli dans un seau par une nourrice complice. » Son collègue Ian Lynch ajoute cependant que « selon certaines versions, ses actions ne sont pas motivées par pure cruauté : il est un maçon impayé par le seigneur du château et cherche à se venger ».
« Position politique »
Au cours des dix dernières années, Lankum a attiré l’attention grâce à ses interprétations puissantes et troublantes de chansons anciennes. Le groupe a nommé son quatrième album False Lankum (Beggars/Rough Trade), bien qu’il n’en ait pas interprété le conte terrifiant. Sorti en mars 2023, l’album a reçu des éloges de la part de auditeurs non traditionnalistes et a propulsé le groupe à un autre niveau. En Irlande, False Lankum a atteint la deuxième place des charts, juste après Lana Del Rey, mais devant Depeche Mode, U2 et The Weeknd.
C’est un véritable tour de force pour Lankum de réaliser de la musique sur des instruments traditionnels, bien loin de la gaieté verte du folklore promu lors de la Saint-Patrick. Lankum apprécie les nuances sombres, qui évoquent les arômes de stout et de tourbe. On déambule dans une lande battue par la pluie, sur un dock dévasté ou dans un terrain vague industriel. « La mort est partout », admet Radie Peat. « Mais il existe également de belles ballades romantiques, telles que Newcastle [tirée de la collection de danses du Dancing Master Anglais, édité en 1651] ou Lord Abore et Mary Flynn, bien que cette dernière soit très tragique. » Dans cette histoire, le monstre est la mère : elle empoisonne son fils qui s’est marié sans son consentement.
L’insuccès inattendu de Lankum a tout de même permis au groupe de commencer une vaste tournée à travers l’Europe, malheureusement interrompue par des complications familiales. Dix représentations étaient prévues en France, majoritairement dans l’Ouest du pays. Seules deux d’entre elles ont été maintenues, avec un spectacle supplémentaire à Nantes en novembre.
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