La critique du « Monde » suggère que le quatrième film dirigé par Alex Garland s’inscrit dans une niche spécifique du cinéma hollywoodien reconnu pour sa popularité il y a quelques décennies. Cette branche distincte du cinéma se caractérisait par sa capacité à entrelacer les représentations de l’action aventureuse et violente avec une réflexion critique, tout en gardant une certaine distance. Elle liait aussi un aspect politique et une compréhension de l’histoire contemporaine avec les conditions morales de l’engagement personnel.
Les protagonistes de Civil War sont des correspondants de guerre pris au centre d’un conflit, à la fois participants, victimes et témoins du carnage. Des acteurs renommés tels que Mel Gibson et Linda Hunt dans L’Année des dangers de Peter Weir (1982), Gene Hackman, Nick Nolte et Joanna Cassidy dans Under Fire de Roger Spottiswoode (1983), et James Woods dans Salvador d’Oliver Stone (1986) ont habilement incarné ce type de rôles. Cependant, contrairement à ces films qui étaient tous basés sur des conflits réels du présent ou du passé récent, Civil War se positionne comme une projection futuriste. Il envisage une nouvelle guerre de Sécession qui déclencherait des ravages aux États-Unis dans un futur proche ou lointain.
Dans le film, Kirsten Dunst incarne le rôle de Lee, une journaliste de guerre qui embarque pour un voyage qui l’amènera à la rencontre du président qui, selon toute vraisemblance, est retranché dans la Maison Blanche assiégée par des sécessionnistes. Elle adopte une apprentie photographe déterminée, jouée par Cailee Spaeny, qui a hâte de suivre les pas de son idôle. Avec la compagnie de deux collègues masculins, le binôme féminin traverse des zones détruites et fait face à des situations parfois dangereuses où la brutalité ordinaire de la guerre se manifeste. Par exemple, des milices nationalistes et racistes en action et des exécutions arbitraires. Témoins d’actes d’une cruauté inhumaine qu’elles documentent au péril de leur vie, leur relation personnelle évolue à travers le film. « Civil War » se transforme donc en un road-movie de guerre constamment plombé par un suspense rehaussé par une réalisation de qualité. « Confusion idéologique » est un thème interprété dans ce film.
« « Lorsque la guerre est ailleurs, voilà la paix », semble être l’interprétation de Jacques Prévert. Le projet d’Alex Garland semble encapsulé dans cette idée de présenter des images d’affrontements armés, telles qu’on les voit dans tous les coins du globe et relayées par les médias, dans le contexte « domestique » des États-Unis. Si on peut comprendre le monde dépeint et les suppositions formulées comme une extrapolation logique (sinon plausible) d’une Amérique actuelle, tourmentée et au bord de la fracture révélée par la fin de la présidence de Donald Trump et l’attaque du Capitole, il n’en reste pas moins que cela pourrait atténuer l’impact d’un film qui, par ailleurs, ne manque pas de créer une certaine confusion idéologique dans sa manière d’opposer l’État fédéral et les commandos fascistes et séparatistes.
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