Lors de sa visite à Ostende en Belgique, Albert Einstein a posé une question à James Ensor sur le sujet de ses peintures, à laquelle il a répondu par un simple « Rien ». Cependant, ce « rien » fait l’objet d’une célébration en Belgique, plus précisément en Flandre, tout au long de l’année 2024, consacrée à cet artiste unique, captivant pour certains, mais énigmatique pour d’autres.
On peut sans doute qualifier Ensor d' »artiste » car, bien qu’il soit principalement reconnu comme le « peintre des masques » en raison de la variété de visages grotesques et bizarres représentés dans ses œuvres, il était également un auteur prolifique de manuscrits, gravures, œuvres sur papier et compositions musicales. En hommage à cet artiste éclectique, pas moins de quinze expositions sont organisées pour commémorer le 75e anniversaire de sa mort. Il est né et a passé toute sa vie à Ostende, qu’il a souvent qualifié de « reine des mers capricieuses, des sables doux et des cieux remplis d’or et d’opale ».
Les célébrations ont naturellement débuté à Ostende, mais atteindront leur point culminant à Anvers. Le Musée des beaux-arts présentera à partir du 28 septembre ses œuvres les plus importantes, en les comparant avec celles des artistes qui ont inspiré le peintre et avec lesquelles, dans un grain de mégalomanie, il souhaitait rivaliser, comme Goya, Bosch, Munch, Monet, Manet, et autres.
Malgré sa critique sévère, son œuvre et son héritage continuent d’être célébrés.
« James Ensor se demandait incessamment : « Pourquoi suis-je toujours en avance sur mon temps, dans tous les aspects, depuis un quart de siècle? ». Se considérant comme l’incarnation du Christ qu’il considérait paradoxalement comme un « idéal incontournable », étant agnostique lui-même. Ensor se percevait comme une version du Christ, longtemps critiqué et crucifié par ses détracteurs qu’il avait fini par représenté dans l’une de ses œuvres comme des crânes se disputant un hareng saur.
Finissant le 14 avril, l’exposition « Rose, Rose, Rose, à mes yeux ! James Ensor et la nature morte en Belgique de 1830 à 1930 », au musée d’art contemporain Mu.ZEE de Ostende, s’est focalisée sur ses natures mortes qui composent presque un quart des 850 œuvres que Ensor a peint. C’était un style qu’il a progressivement révolutionné, incorporant des objets macabres, des couleurs surréalistes et des insinuations chargées de connotations corporelles.
Dans la Maison de James Ensor, sa demeure reconverti en musée où il a passé trente-deux ans de sa vie, un autre aspect majeur de son œuvre est présenté : ses autoportraits. Ensor adorait cette forme d’art. Il se questionnait constamment sur la complexité de l’auto-représentation, tout comme Rembrandt, ou faisait des références à Rubens, comme dans son Autoportrait avec chapeau fleuri (1883). En ce faisant, il affirmait fièrement son lien avec les plus grands maîtres flamands. En révolte contre l’establishment bourgeois, Ensor se sentait longtemps sous-estimé, et ce n’est que quand son talent fut enfin reconnu au début du XXe siècle, que sa créativité commença à décliner. »
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