L’immense mur d’amplificateurs Marshall qui accueille les visiteurs est le genre de spectacle que l’on ne voit généralement qu’aux concerts d’AC/DC. Il ne fait aucun doute que nous sommes à l’entrée bruyante de l’exposition « Metal. Diabolus in Musica ». Cet événement, dédié à ce genre de musique intense découlant du rock, est célébré jusqu’au 29 septembre à la Philharmonie de Paris, un véritable sanctuaire moderne de la musique symphonique.
C’est un véritable symbole pour un style musical longtemps déconsidéré et confiné aux franges de la musique populaire. Cependant, l’industrie du metal, présente depuis cinquante ans, est devenue une contre-culture ayant une identité solide, capable de prendre son essor et de s’adapter avec un dynamisme et une diversité que peu d’autres courants musicaux peuvent revendiquer. Son public fidèle et nombreux témoigne de cette popularité, comme en témoignent les succès des festivals comme le Hellfest à Clisson, avec ses 240 000 billets vendus à chaque édition, le Motocultor à Vannes, ou le Xtrem Fest à Albi.
L’exposition est présentée comme un lieu sacré pour tous les fans de metal, mais également ouverte aux novices, curieux de comprendre ce phénomène et ses fondations. Cette manifestation est la première de cette envergure en France, offrant une vue d’ensemble du mouvement. Bien qu’il y ait eu d’autres initiatives similaires à travers le monde – comme l’exposition sur le black metal norvégien à la bibliothèque nationale d’Oslo en 2023, « Play it Loud » au MET de New York en 2019, ou « Black Sabbath 50 years » à Birmingham en 2019 – aucune d’entre elles n’a présenté le sujet aussi largement. Même le célèbre Rock’n’Roll Hall of Fame de Cleveland, dans l’Ohio, ne dispose que d’une petite salle consacrée à ce genre de musique.
Quatre cents objets
L’exposition à la Philharmonie de Paris s’étale sur 800 mètres carrés, un endroit ayant déjà hébergé divers genres musicaux, notamment l’électro en 2019 et le hip-hop en 2022. Sa scénographie est basée sur le design d’une église comprenant sept chapelles (musicales) et utilise des graphiques conçus par le duo français Fortifem qui récupèrent les éléments du style (vitraux médiévaux, occultisme, démons, mascottes et pochettes d’albums célèbres…).
Cet environnement théâtral et grandiose est associé à des concerts avec des projections vidéo et des extraits de performances live qui animent la visite. Le « Pit », une installation vidéo immersive, simule une plongée au cœur du Hellfest 2023, retransmettant l’émotion qui se dégage d’un mouvement de foule, le « circle Pit ».
Néanmoins, l’attraction principale de la visite réside dans l’exposition d’environ quatre cents objets, tels que des instruments, des costumes, des masques, des œuvres d’art rares et des « reliques » provenant des collections du Hard Rock Café et du Rock’n’Roll Hall of Fame. Parmi ces pièces figurent des guitares emblématiques ayant appartenu à des artistes célèbres comme Eddie Van Halen (1955-2020), Tony Iommi (Black Sabbath), Yngwie Malmsteen, Joe Satriani, Kirk Hammett (Metallica), et la basse Rickenbacker de Lemmy Kilmister (1945-2015), le leader de Motörhead. Autres pièces incontournables, la terrifiante guillotine d’Alice Cooper, une tenue en lycra de Marilyn Manson et l’Alien du suisse H.R. Giger (1940-2014), connu pour avoir dessiné de nombreuses pochettes d’albums sombres pour des groupes comme Danzig ou Celtic Frost.
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