Le verdict a été rendu : plusieurs grandes institutions nationales ont été informées par le ministère de la culture des réductions de budget qu’ils devront affronter en 2024, résultant de la décision d’annulation des crédits par Bercy. La rue de Valois est désormais en quête de 204,3 millions d’euros d’économies (y compris 99,5 millions d’euros dans le domaine du patrimoine et 96 millions d’euros dans celui de la création). Par conséquent, diverses entités de renom seront touchées.
Par exemple, l’Opéra de Paris devra faire face à une réduction de six millions d’euros, la Comédie-Française cinq millions d’euros, le musée du Louvre trois millions d’euros, et l’Académie de France à Rome ainsi que Sèvres-Mobilier national un million d’euros chacun. Le théâtre national de la Colline et le théâtre national de Chaillot devront chacun économiser 500 000 euros. Il reste encore 11 millions d’euros à économiser, qui devraient être attribués à des initiatives non spécifiées, différées jusqu’à 2025.
Des questions sont soulevées au sein de l’entourage de la ministre de la culture, Rachida Dati, concernant la décision de Bercy de faire prendre en charge l’essentiel des efforts budgétaires par le patrimoine et la création. D’après nos sources, Mme Dati n’a pas été sollicitée pour discuter de cette répartition. À présent, elle tente d’éviter tout dommage dans un secteur déjà malmené par l’inflation et le retrait de certaines collectivités locales, à savoir le service public du spectacle vivant.
On parle d’une politique budgétaire « à courte vue ».
Sur Rue de Valois, on indique que le dialogue avec les entités nationales a été incessant. Ces nouvelles réductions seraient supportables et ne devraient pas entraîner de perturbations dans les projets actifs, comme l’Opéra de Paris, qui a déclaré le 20 mars avoir un avantage de 2,3 millions d’euros. Malgré une situation financière peu stable, la Comédie-Française devra probablement remanier son modèle économique. Son directeur, Eric Ruf, semble surpris car « ce retrait de cinq millions n’a pas été validé par une notification officielle ». Il critique une tactique financière de courte vue et une prédation de la subvention qui est loin d’être aussi « sans douleur » que le ministère le suggère. L’administrateur de la Comédie-Française se demande si la règle est maintenant de fragiliser le théâtre ?
Un délégué CFDT du Français considère que ce n’est pas une réduction légère, mais une taille brutale. Selon lui, cinq millions d’euros signifient moins de créations, moins de spectacles et donc moins de public, ainsi que moins de mécénat. Pour ce qui est du Louvre, il lui est impossible de puiser dans ses réserves, déjà épuisées par la pandémie de Covid-19. Le musée, qui a déjà augmenté le prix de son entrée de 30% cette année, ne peut envisager d’autres augmentations sans risquer une révolte de ses visiteurs.
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