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« Redécouvrir André Masson, Surréaliste Mal-Aimé »

André Masson (1896-1987) a fait sa marque dans l’histoire du surréalisme, reconnu par des figures influentes comme André Breton, Michel Leiris et Jean-Paul Sartre. Ses illustrations ont été publiées dans la revue Acéphale, basée sur les théories de Nietzsche, lancée par Georges Bataille et Pierre Klossowski. Forcé à l’exil en Martinique en 1941, il a coécrit « Le dialogue créole » avec Breton, explorant des thèmes tels que la nature, la poésie et les rêves. Son travail a été présenté à Paris et à New York par des galeristes estimés, dont Daniel-Henry Kahnweiler, Pierre Matisse, Paul Rosenberg et Curt Valentin.

Cependant, la rétrospective au Centre Pompidou-Metz représente une véritable renaissance. Bien qu’il y ait eu quelques expositions précédentes en France, elles étaient rares et souvent incomplètes : à Nîmes en 1985, à Marseille en 2015, et à Céret (Pyrénées-Orientales) en 2019. En comparant le traitement que reçoivent d’autres artistes comme Max Ernst, Joan Miro ou René Magritte de la part des musées, on peut s’interroger si Masson n’est pas le mal aimé du surréalisme.

Heureusement, cette rétrospective était très attendue. Plus de trois cents œuvres y sont exposées, faisant une balance équilibrée entre peinture et dessin. On y met également en évidence les livres enrichis par les gravures et les lithographies de Masson : « L’Ombilic des limbes » d’Antonin Artaud en 1925, « Le Con d’Irène » de Louis Aragon en 1928, et la même année, débutant de manière anonyme, « Histoire de l’œil » de Georges Bataille. Une reconstitution de sa bibliothèque donne un aperçu de l’étendue et de la diversité de ses lectures, englobant la poésie, la fiction, la philosophie, l’ethnographie, et plus encore.

La puissance impétueuse des émotions d’un artiste complexe se manifeste progressivement à travers son parcours créatif. Son histoire est simple en apparence. Elle débute avec son admission, au jeune âge de 1907, à l’école des Beaux-Arts de Bruxelles et, en 1912, à l’école éponyme de Paris. Ces formations lui permettent de se familiariser avec les pratiques artistiques et l’histoire de l’art. Enrôlé dans l’armée en 1915, il frôle la mort sur le Chemin des Dames en 1917, pour ensuite passer presque deux ans en hôpital.

De 1919 à 1920, il séjourne à Céret, lieu de prédilection estival des peintres Georges Braque et Pablo Picasso avant la guerre, avant de retourner à Paris. Là, il fait rapidement la connaissance des écrivains Michel Leiris et Georges Limbour, ses plus proches amis.

Il rejoint leur groupe au sein du cercle de Kahnweiler, où domine à cette époque une profonde admiration pour le cubisme. Il se consacre alors à ce mouvement artistique et réalise des variations sophistiquées de thèmes cubistes, notamment des natures mortes et des jeux de cartes. En février 1924, lorsqu’il expose pour la première fois ces œuvres dans la galerie de Kahnweiler, rebaptisée galerie Simon, André Breton, qui n’a pas encore fait la connaissance de Masson, fait l’acquisition d’une de ses pièces.

L’année 1924 coïncide avec la sortie du Manifeste du surréalisme. Lorsque Masson peint La Proie, l’année suivante, une toile qui appartenait précédemment à Leiris, son style évolue graduellement du cubisme vers le surréalisme. L’espace demeure géométriquement fragmenté dans ses œuvres, mais l’image d’un nu féminin, dessiné de lignes rouges sinueuses, s’ajoute aux plans bistre et gris.

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