On pourrait un jour comparer le cinéma de Hongkong à la légendaire Atlantide, une île mythique de l’antiquité que Platon dit avoir été submergée par des eaux tumultueuses. En effet, on a pu observer l’extinction progressive d’une des cinématographies les plus innovantes et animées, autrefois classée troisième en termes de volume de production après les géants tels que Bollywood et Hollywood.
À la moitié des années 1990, le cinéma mondial était fortement influencé par la perspective hongkongaise. Les professionnels influents de la péninsule ont apporté une nouvelle vitalité au cinéma d’action américain. Par ailleurs, John Woo s’est vu confier un budget colossal pour réaliser Mission : Impossible 2 (2000). Le chorégraphe Yuen Woo-ping a, quant à lui, orchestré les scènes de combat pour la trilogie Matrix et le diptyque Kill Bill. Parallèlement, des réalisateurs tels que Wong Kar-wai (In the Mood for Love, 2000) et Johnnie To (Election, 2005) ont réussi à entrer en compétition lors des grands festivals internationaux.
Malgré la reconnaissance illusionniste du cinéma estampillé « HK », son apogée touchait à sa fin. Le premier jour de juillet en 1997, un tournant capital se présentait : Hongkong, antérieurement une colonie britannique, était restitué à la Chine, inaugure une longue période de déclin d’une production qui avait auparavant prospéré sous une économie libre. Une série de crises, tant économiques que sanitaires (comme le SRAS en 2003 et le Covid-19 en 2020), ont intensifié la chute et pavé la voie à la « normalisation » des interactions avec Pékin. Dans cette évolution progressive, la loi de sécurité nationale, mise en pratique en 2021, renforçant ainsi la censure politique sur les créations, a fini par étouffer l’industrie. Même si la production de films persiste à Hongkong, c’est toute une scène qui avait façonné son caractère rebelle et indiscipliné qui a été effacée de la carte en quelques années.
Le Forum des Images à Paris consacre une rétrospective impressionnante intitulée «Portrait de Hongkong» jusqu’au 7 juillet. Cette représentation comprend cent séances et quatre-vingts films, dont certains sont inédits et d’autres rarement visionnés, pour mettre en évidence la richesse du cinéma de Hong Kong. Le cinéma hongkongais a toujours offert un large spectre d’expériences à travers les différents âges et styles au sein de l’industrie populaire. De l’époque des combats de kung-fu et des duels épiques du wu xia pian (tradition chevaleresque) aux mouvements acrobatiques des êtres surnaturels, on observe une constante recherche de dynamisme. Cette mobilité est le reflet de l’état effréné d’une ville telle que Hong Kong, dont le cinéma a constamment parcouru les rues et les coins cachés, souvent à l’ombre de la lumière du jour, une fois sorti du studio. Les personnages de ces films donnent toujours l’impression d’attaquer les rues, les passages, et les interstices des immeubles embrouillés. 67,72% de cet article reste à lire, avec une suite réservée aux abonnés.
Laisser un commentaire