Selon l’opinion du « Monde », il est fortement recommandé de voir ce film. Imaginez un long-métrage visant à harmoniser la comédie avec l’élégie, sans se cantonner à l’amertume douce-amère généralement attendue. C’est à ce délicat carrefour d’émotions variées que Elise Girard s’inscrit, avec son troisième long-métrage. Ancienne attachée de presse cinéphile devenue réalisatrice, elle a écrit ce film avec Maud Ameline et Sophie Fillières, une réputée réalisatrice et scénariste décédée prématurément à l’âge de 58 ans en juillet 2023, et connue pour son humour particulier. Il n’est donc pas surprenant qu’il s’agisse d’un récit alliant diverses tonalités, trouvant sa mélancolie dans des situations gentiment cocasses.
Le film s’appelle « Sidonie au Japon », un titre évoquant avec innocence un livre pour enfants. Le film raconte l’histoire de Sidonie, une Occidentale naviguant dans un pays qui lui est étranger, où elle découvre une nouvelle perspective sur la vie. Personne ne pourrait mieux jouer ce rôle qu’Isabelle Huppert, une actrice virtuose qui continue ici une suite non officielle de voyages en Asie, commencée avec le réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo.
Hésitante, Sidonie s’embarque pour un vol de 16 heures à destination d’Osaka, pour soutenir la réédition de son premier livre, un succès de librairie. A son arrivée, elle est reçue par son éditeur, Kenzo Mizoguchi (incarné par Tsuyoshi Ihara), qui n’a aucune connexion avec le célèbre réalisateur du même nom. Il l’accompagne tout au long d’une série de signatures de livres et d’interviews.
Leur union est atypique dès le départ : lui, un grand homme réservé et taciturne, et elle, une petite Française virevoltante et sans complexe. Ils partagent cependant le poids du deuil, alors qu’ils sont tous deux hantés par leur passé et une certaine mélancolie. Par ailleurs, Sidonie découvre des signes d’une présence tierce chaque fois qu’elle séjourne dans une nouvelle chambre, que ce soit un hôtel ou un ryokan (auberge traditionnelle) : une fenêtre ouverte, des bentos à moitié mangés, des cartes de jeu dispersées sur le tatami. Au Japon, il est reconnu que les spectres cohabitent avec les vivants, il n’est donc pas étonnant qu’elle voit apparaitre un fantôme (August Diehl).
La chambre résonne de secrets intimes. L’expérience de Sidonie au Japon est présentée à travers de subtiles nuances, exposant un savant mélange de faux-pas et de malentendus. Le raffiné code de politesse japonais, face auquel l’étrangère reste insensible, entraîne autant des situations comiques que des moments de malaise profond. L’usage minime de plans fixes crée un espace restreint où Sidonie, une étrangère, est mise en scène dans un décor japonais. C’est ainsi que la réalisation évoque l’expérience de la solitude, mise en avant par la largeur des prises de vue, un rythme langoureux et une progression discrète.
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