L’opéra national du Rhin a eu une représentation réussie de Lohengrin le mardi 19 mars, qui a surpassé les attentes du directeur Alain Perroux. Non seulement toutes les places ont été vendues, y compris les places avec une visibilité limitée, mais l’œuvre magistrale de Wagner n’avait pas été jouée à Strasbourg depuis 30 ans. Le public a été notamment attiré par la présence du ténor américain Michael Spyres. Tout juste arrivé dans le monde de Wagner, la récente performance de Spyres en tant qu’Erik dans Le Vaisseau fantôme à l’Opéra de Hambourg en fin 2023 était très attendue. Dans cette pièce, il a pris le rôle principal de Lohengrin avant d’avoir ses débuts à Bayreuth dans La Walkyrie cet été.
Spyres, habillé d’un long manteau noir avec une capuche, représente le chevalier au cygne sous l’aspect de l’ordre religieux. Sa voix équilibrée et flexible, avec une impressionnante gamme de couleurs et de nuances, présente un Lohengrin plus émouvant qu’héroïque. Cependant, au fils glorieux de Parsifal il pourrait manquer cette nuance métallique dans les aigus qui traverse les grandes vagues de l’ orchestre et qui impose lors du célèbre In fernem Land (Dans un pays lointain), marquant le retour du chevalier parmi ses confrères du Graal, le point culminant de l’émotion irrésistible qui est l’adieu à Elsa.
Dans une nuit étoilée, le rideau de scène se lève sur la jeune Elsa, regardant intensément la constellation du Cygne à travers son télescope. Dans son esprit, elle attend le chevalier qui est apparu dans ses rêves et qui est destiné à la sauver de l’accusation de l’assassinat de son frère, Gottfried. À mesure que la puissante mélodie aux cordes se démêle, on réalise que l’innocence de l’enfance se mêle au conte pour faire face à un drame imminent. Elsa, seule avec un livre sacré entre ses mains, est confrontée à son destin.
Le spectacle s’anime avec une exécution mystique d’oratorio. À côté du Lohengrin de Michael Spyres, on trouve une excellente distribution. Timo Riihonen est un roi Heinrich impressionnant, sa voix résonnant avec une gravité majestueuse. Il est accompagné par le Héraut d’Edwin Fardini, qui attire par l’élégance et l’autorité de son chant. La bien-aimée du chevalier est la soprano sud-africaine Johanni van Oostrum, qui avait déjà incarné Elsa à l’Opéra de Paris en septembre 2023. Elle donne au personnage de l’héritière du royaume du Brabant une fraîcheur de jeunesse, des notes aiguës florissantes et une féminité radieuse, bien que teintée de mélancolie.
Friedrich von Telramund et son épouse, Ortrud, ont juré de détruire un certain couple. Ils réussiront à shatter la confiance accordée par elle à Lohengrin, l’homme auquel elle a promis de ne jamais solliciter son nom ou son origine. Josef Wagner incarne le sinistre Telramund, qui rappelle étrangement Nicolas Cage, dont la performance vocale, initialement rigide, s’intensifie face à la présence envoutante et la projection robuste de Martina Serafin dans le rôle d’Ortrud. Malheureusement, ses aigus hérissés sont gâchés par un vibrato trop prononcé. La soprano autrichienne, qui a pris la place d’Anaïk Morel, a dû alléger ses mouvements sur scène suite à une bad chute dans l’après-midi.
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