Ida Presti, la guitariste renommée, aurait célébré son centième anniversaire le 31 mai, mais malheureusement, son décès prématuré en 1967 à la suite d’une hémorragie interne lors d’une tournée aux États-Unis, l’a empêchée d’atteindre même ce demi-siècle. Néanmoins, son impact et son héritage dans le monde de la guitare restaient forts, comme démontré par la célébration de son œuvre les 22 et 23 mars. Cet événement a rassemblé la crème de l’école de guitare française, largement considérée comme l’une des meilleures au monde, pour un concert final à l’auditorium du Conservatoire à rayonnement régional de Paris. Parmi les performers se trouvaient Thibault Cauvin, Thibaut Garcia, Jérémy Jouve, Eric Franceries, Laurent Blanquart, Ingrid Riollot et Frédéric Zigante. De plus, Berta Rojas du Paraguay, à l’honneur pour son dernier album « Legado », rendant hommage à la fois à Ida Presti et à la compositrice argentine Maria Luisa Anido, a également participé. Cet album avait auparavant empoché deux Latin Grammy Awards.
Ce fut une autre guitariste, Isabelle Presti, la petite-fille et fondatrice de l’association Presti-Lagoya en 2017, qui a réussi à unir ces grands noms. L’agencement des noms a son importance. Ida Presti et son époux Alexandre Lagoya, qui l’admirait depuis l’age de cinq ans, formèrent dans les années 1950, le duo mixte le plus renommé dans le domaine, avec deux mille concerts dans une cinquantaine de pays, notamment devant de Gaulle, Kennedy et Einstein. Ils continuèrent à dominer jusqu’à l’ascension des Mexicains Rodrigo y Gabriela, un demi-siècle plus tard. Cependant, chez ce couple, Madame précède toujours Monsieur, aussi bien dans leur nom que sur scène. Les images d’archives du concert montrent Ida Presti au premier plan à droite, avec des gros plans sur la façon dont sa main gauche se positionne sur la guitare. Il est impossible de ne pas suivre la fascinante agilité de ses doigts qui lui a valu le surnom de « Presti-Prestissimo ». C’est elle qui captive l’attention à côté de son partenaire austère. Une ambition élevée est ce qui la caractérise le mieux.
Ida Presti, célèbre guitariste, n’a pas besoin d’être revalorisée comme c’est fréquemment le cas pour les victimes du patriarcat qui sont souvent reléguées en second plan. De son vivant, c’est le nom de sa mère sicilienne qu’elle portait, une idée venue de son père qui pensait qu’il sonnait plus exotique que Yvette Compagnon. Son père, un accordéoniste amateur, avait de grandes aspirations pour sa fille après avoir assisté à un concert de la légende de la guitare espagnole, Andrés Segovia. Il voulait que sa fille devienne la plus grande guitariste de tous les temps. Son rêve s’est réalisé quand, à 10 ans, Ida a donné son premier concert à Pleyel, salle Chopin, et a ensuite enregistré pour Pathé. Son père a arrangé un rendez-vous avec Segovia, qui après l’audition a dit : « Mais quel est le but d’un cours avec moi? Elle ne devrait accepter les conseils d’aucun autre guitariste ». En 1948, c’est Presti elle-même qui a été la première en France à interpréter le célèbre concerto pour guitare Aranjuez, de Joaquin Rodrigo. Le reste de l’article est réservé aux abonnés.
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