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Nathanaëlle Herbelin engage une conversation avec les nabis d’Orsay

Nathanaëlle Herbelin, née en Israël en 1989, a rejoint l’école des Beaux-Arts de Paris en 2011, passant par les ateliers de Philippe Cognée et Tim Eitel. Elle obtient son diplôme en 2016 et forme ensuite un groupe de peintres solide avec plusieurs de ses anciens camarades de classe, dont Madeleine Roger-Lacan, Christine Safa, et Elené Shatberashvili. Elle utilise parfois ces compagnons de groupe comme des modèles pour ses œuvres, dont beaucoup sont présentées dans son exposition au Musée d’Orsay. Leur inclusion n’est pas un détail mais évoque l’idée d’un manifeste d’art dans un lieu inattendu.

Le Musée d’Orsay a bien sûr exposé des travaux d’artistes vivants avant Herbelin, comme ceux du britannique Peter Doig, né en 1959 et reconnu comme une figure établie sur le marché de l’art contemporain. Cependant, Nathanaëlle Herbelin, qui n’a que 35 ans maintenant et expose depuis seulement six ans environ, semble une exception. Pourquoi l’inviter si tôt ? La réponse réside dans le fait qu’elle venait souvent admirer les œuvres de Gustave Courbet, Edouard Manet et Edgar Degas durant ses années d’études, et qu’elle nourrit un profond amour pour les nabis, ces peintres postimpressionnistes de la fin du XIXe siècle. Ainsi, ses toiles sont présentées face à celles de Pierre Bonnard, Edouard Vuillard ou Félix Vallotton, vigilamment conservées par le musée.

L’artiste Herbelin s’engage dans une tâche risquée en acceptant la comparaison avec des œuvres d’art remarquables telles que « Femme assoupie sur un lit » (1899) et « La Loge » (1908) de Bonnard, et « Le Dîner, effet de lampe » (1899) de Vallotton. C’est une déclaration forte de sa part, affirmant que les nabis sont toujours pertinents en 2024 et ne sont pas confinés à l’histoire. Cette perspective moderne signifie que l’art peut être interprété librement par chaque artiste, sans être restreint par les dogmes ou les interdictions.

Cependant, ce point de vue comporte des dangers clairs, tels que la surcharge de références et le risque de pastiche. Toutefois, on ne trouve que deux similitudes entre le travail des nabis et celui d’Herbelin. Le premier est assez vague, à savoir la variété de formats et l’alternance entre de grandes compositions et de petits tableaux. La seconde similitude est une attention particulière aux détails banals de la vie quotidienne, démontrant une appréciation de l’ordinaire et une répudiation de la narration et du symbolisme. Néanmoins, les nabis avaient généralement tendance à respecter les normes de leur époque, des normes qui ont radicalement changé au fil du temps.

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