Le vendredi 22 mars, le prestigieux festival de photographie d’Arles a dévoilé son programme estival pour sa 55e édition dans les locaux du ministère de la culture à Paris. Le festival, qui se tiendra du 1er juillet au 29 septembre, présentera une diversité impressionnante de trente expositions, en plus d’un programme associé très fourni. Ces expositions visent à mettre en avant des perspectives uniques et des histoires alternatives.
Plusieurs des œuvres exposées abordent des problématiques contemporaines de manière innovante. Par exemple, le voyage au centre de l’espagnole Cristina de Middel s’inspire de l’oeuvre de Jules Verne et utilise la fiction pour examiner les mouvements migratoires entre les États-Unis et le Mexique. Par ailleurs, le photographe français Nicolas Floc’h s’attaque à la pollution de l’océan et du Mississippi en adoptant une approche qui mélange le documentaire et l’abstraction, en combinant des monochromes de la couleur de l’eau et des paysages de surface.
Les conflits et les questions militaires sont aussi présents au programme, mais traités de manière indirecte. Le photographe Stephen Dock revoit ses archives de terrains de guerre avec une dose de scepticisme, tandis que Debi Cornwall questionne les récits élaborés par l’autorité américaine pour justifier et banaliser la violence militaire, en prenant des photos aussi bien de simulations de guerre que de camps d’entraînement de l’armée américaine où des acteurs jouent divers scénarios.
Le festival entend ainsi « explorer les marges ».
L’année en cours verra plusieurs créations artistiques explorant les périphéries, que ce soit de la société ou des images. Le festival continue à remettre en avant le travail historique des femmes photographes, avec une grande rétrospective sur l’Américaine Mary Ellen Mark (1940-2015). Mark a dédié la majeure partie de sa vie et de sa carrière, dont le travail a été publié dans d’importants magazines illustrés d’après-guerre, à documenter les personnes marginalisées, qu’il s’agisse d’aveugles, de fugitifs, de prostituées, de sans-abri ou de personnes atteintes de maladies mentales. Parmi les œuvres uniques présentées, celle de Sophie Calle, qui expose dans les cryptoportiques des images altérées par le temps et les champignons.
Le photographe chinois Mo Yi, autodidacte et radical de 65 ans, qui a constamment remis en question la tradition documentaire et la subjectivité de l’auteur, présente des œuvres expérimentales dans lesquelles il dresse un type de portrait de la société chinoise sans la cibler, en posant l’appareil photo au sol ou en haut d’un poteau. Au cœur du centre-ville, à l’église Sainte-Anne, une expos’ invite les spectateurs à se plonger dans des pratiques subversives, découvrant le monde et l’histoire du graffiti, considéré comme un acte de protestation, un mode de vie ou un geste artistique. Cette exposition fait suite à « La Morsure des termites », une exposition remarquée récemment organisée au Palais de Tokyo à Paris.
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