Piero Usberti, un réalisateur franco-italien, a réalisé le film Voyage à Gaza en 2018, à l’âge de 25 ans. Il a choisi de montrer la beauté de Gaza malgré sa ressemblance avec une prison à ciel ouvert, assiégée par Israël et l’Egypte depuis 2007. À l’ouest, il y a la mer spectaculaire, surveillée par les bateaux israéliens, et à l’est, des barbelés. Usberti, né en 1992, a terminé le montage de ce premier long métrage fin septembre 2023 (produit par Arnaud Dommerc), juste avant l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Interrogé sur ce qui l’a poussé à filmer Gaza, Usberti explique que son père, qui réside à Sienne en Italie, a mis en place un programme d’échanges universitaires avec la Palestine. C’est grâce à ce programme que Usberti a organisé son voyage, après avoir terminé ses études de philosophie à Turin. Étant enfant, il a entendu beaucoup de discours d’adultes et d’amis de ses parents sur le conflit avec Israël. Avec des images déjà dans sa tête, il voulait voir et rencontrer des jeunes de son âge. À son arrivée à Gaza, il a été accueilli par Meri Calvelli, qui travaille dans la coopération internationale et a fondé un centre d’échanges culturels à Gaza. Aujourd’hui, elle se situe à Rafah et se bat pour faire entrer des camions de ravitaillement. Le premier soir, Usberti rencontrait Sara, également âgée de 25 ans, qui faisait du bénévolat au centre. Elle lui a servi en quelque sorte de guide et d’interprète dans cette zone dangereuse.
Dans son film, Usberti présente des jeunes qui aiment Gaza profondément, malgré les aspects suffocants de leur vie.
Gaza m’a impressionné principalement par son charme, du fait que le reste, hélas, est plutôt connu : l’humiliation constante par l’armée israélienne et ainsi de suite. Il existe une multitude de films politiques à propos de cette région, et mon objectif était de maintenir l’aspects poétique du plan, décrire comment la vie continue d’exister, l’intérêt, la chaleur, la tendresse, le bonheur de vivre malgré tout.
Je suis arrivé vers le milieu du mois de mars 2018, et l’ambiance est rapidement devenue tendue avec cette première « grande marche du retour » qui a été organisée près de la frontière le 30 mars. La plupart des protestataires ne franchissaient pas la zone tampon, néanmoins, les soldats israéliens tiraient. Cette marche a engendré de nombreux débats : devrions-nous y aller, au péril de notre vie ? J’ai dû partir après un mois et, quand je suis revenu en juin, la situation avait dégénéré, cette protestation se transformait en massacre.
Vous donnez un sentiment très physique du territoire. Quel sentiment avez-vous ressenti en le traversant?
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