Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, deux artistes établis dans le monde de la danse classique, utilisent leurs talents pour créer un spectacle inédit pour dix-sept artistes: Giselle(s). Leur inspiration vient du ballet imposant Giselle, conçu par Jean Coralli en 1841, qu’ils ont décidé de remodeler. Leur visée féministe se trouve déjà incrustée dans ce monument artistique, et ils ambitionnent de l’extraire et de la rendre contemporaine. Ce spectacle a été présenté devant 2 200 personnes à La Seine musicale, située à Boulogne-Billancourt, le 14 mars, où il a été accueilli avec des applaudissements enthousiastes.
La trame de Giselle tourne autour de la trahison, se déroulant en deux actes. Le personnage principal, Giselle, une paysanne, tombe éperdument amoureuse d’un homme, le prince Albrecht, qui est déjà promis à une aristocrate. Pour la charmer, il se déguise en villageois. Une fois que la supercherie est révélée, Giselle est tellement abasourdie qu’elle sombre dans la folie, et elle finit par mourir. Elle rejoint aux cimetières les Willis, des jeunes filles qui ont été trompées et qui sont mortes par amour. Dirigées par leur reine Myrtha, elles quittent leurs tombes pendant la nuit pour prendre leur revanche sur les hommes. Cependant, Giselle finira par secourir Albrecht.
Le livret de Pietragalla et Derouault est basé sur une partition à deux parties, qui comprend et incorpore la musique d’Adolphe Adam, réaménagée de manière électronique. Ils marient cette musique avec les rythmes intenses des Tambours du Bronx pour accentuer le discomfort, bien que cela ne soit pas essentiel. La première partie de leur production est ancrée dans la réalité d’aujourd’hui, où quatre couples sont en conflit constant et se battent sur une scène parsemée d’items réalistes tels qu’un matelas, une poussette et un bébé. Les séquences débordent d’acrobaties violentes et de chutes, nous informant que l’amour ne se termine pas bien. Les disputes domestiques atteignent un pic de violence conjugale, parfois même de féminicides, et cela est apparent lorsqu’on compte le nombre de victimes à la fin.
Par contraste, la deuxième partie nous plonge dans un monde fantastique, peuplé de créatures qui sont à mi-chemin entre des déesses païennes et des harpies. Ces monstres attaquent et consomment les hommes avec une voracité sans fin. En dépit de leur nature cannibale, ces furies poursuivent sans relâche leurs rituels tribaux. Elles traquent leurs proies, les hommes, pour les faire souffrir, en épargnant seulement un. Dirigées par Myrtha, interprétée de manière irréprochable par Pietragalla, les Willis forment des unissons, se dispersent en cercles et en diagonales, en suivant le modèle géométrique du ballet classique dans l’acte blanc.
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