La série La Fièvre peut être vue et lue. Éric Benzekri, créateur de la série, et Ziad Doueiri, son directeur, partagent une quantité considérable d’informations tout en analysant les situations qu’ils présentent. Inspirée par un incident, l’agression d’un footballeur étoile sur son coach, l’équipe met en mouvement une machine implacable propulsée par les réseaux sociaux.
S’éloignant de l’univers politique qu’ils ont exploré dans Baron noir (trois saisons diffusées de 2016 à 2020 sur Canal+), Benzekri et Doueiri plongent dans les eaux sombres d’une société fragmentée. Ils mettent en scène les problèmes de cette société avec la même efficacité que le réalisateur du film L’Insulte (2017), tout en explorant ces problèmes à travers une collection de personnages verbaux.
Dans La Fièvre, on trouve un conte de fées moderne, souvent terrifiant, centré sur le conflit entre deux femmes : Sam Berger (interprétée par Nina Meurisse) et Marie Kinsky (Ana Girardot). L’héroïne, en luttant pour maintenir la paix au sein de la société, est constamment en compétition avec une rivale impitoyable qui cherche perpétuellement à être la plus influente des influenceuses.
Pourtant, malgré l’efficacité du processus, représenté par la tension nerveuse et intellectuelle engendrée par les premiers épisodes de La Fièvre, la rectitude de ce processus diminue quelque peu vers la fin de la saison.
Face à la controverse déclenchée par l’action de Fodé Thiam (Alassane Diong), le président du Racing, François Marens (Benjamin Biolay), requiert les services d’une agence de communication spécialisée en gestion de crise. Le membre le plus compétent de ladite agence est Sam Berger, experte à prédire les trajectoires des futures probabilités mais incapable de se prémunir des turbulences émotionnelles. Elle perçoit l’opportunité que Marie Kinsky, son ancienne amie et actuelle figure provocante et sensuelle de l’extrême droite, peut tirer de cet incident.
Bien que cette situation de départ semble réelle (rendue encore plus plausible par le récent scandale impliquant la chanteuse Aya Nakamura), elle cède rapidement la place à une fiction spécifique, aussi précise qu’un manuel d’instructions : comment rendre ce qui était auparavant inimaginable, acceptable et finalement désirable ? Le choix d’exemple extrême de Benzekri illustre de manière saisissante comment notre société accepte ce qui était autrefois considéré comme une menace fatale. Cela présage une guerre civile imminente.
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