Voyl sans « e » Principe de base George Perec était adepte du lipogramme, du tautogramme, du monovocalisme et autres joyeusetés similaires.
Tous ces noms « barbares » signifient qu’il aimait jouer avec les mots et soumettre son écriture à des contraintes formelles.
Attache métaphysique Le père de George Perec, soldat volontaire, meurt en 1940.
Sa mère déportée à Auschwitz n’en reviendra pas.
Le tragique du mot disparition, l’écrivain en porte la trace au cœur comme une obsession.
Il a vécu sans « eux », il écrira un roman sans « e ».
Marqué par la douleur de l’absence, il en fait le point central de son roman.
La voyelle reine perd son trône La voyelle « e » est la lettre la plus utilisée en français.
Georges Perec a décidé d’écrire un roman sans se servir de la lettre « e ».
Il s’impose une contrainte formelle titanesque : celle de produire une histoire équilibrée sans la lettre pivot de notre alphabet.
C’est un peu comme conduire une voiture sans les roues.
Partant de cette situation, Georges Perec a d’une certaine manière inventé l’hélicoptère.
L’essence première de cet appareil littéraire est la richesse de lexical de l’auteur.
Risque et Réussite Le risque d’un pareil procédé est d’adopter un style heurté en remplaçant les mots proscrits par d’autres, moins adaptés.
L’oulipien créatif réussit à faire couler sa prose sur plus de 300 pages et construit un récit habilement centré sur la disparition.
Face à l’énormité de la contrainte, l’auteur a contourné ce qui paraissait infranchissable en innovant.
Il transforme les expressions, tire la langue par les cheveux et crée ainsi un décalage humoristique plaisant.
Ce livre sans « e », qui séduit par sa forme, nous attache également au fil de son enquête.
Miroir inversé Suite à la disparition publiée en 1969, George Perec a écrit « Les revenentes » dont la particularité est l’absence de toutes les voyelles à l’exception de la lettre « e ».
En conclusion Né en 1936, Georges Perec, membre de l’Oulipo, nous propose une bien triste disparition le 3 mars 1982 suite à une longue maladie.
Gargas Parac laisse peut-être un nom sur une pierre tombale, mais c’est son œuvre qui est à jamais gravée dans le marbre.
Bibliographie non exhaustive Les Choses (1965) (prix Renaudot).
Un Homme qui dort (1967).
Les Revenentes (1972).
W ou le souvenir d’enfance (1975).
La Vie mode d’emploi (prix Médicis 1978).
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