À l’Odéon, la mise en scène de Michel Raskine du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux est époustouflante.
Le quiproquo du valet déguisé en maître amoureux de la servante grimée en patronne, s’adresse à tout public.
L’unité de temps, le timbre d’une sonnette, l’unité d’action-lieu et les déplacements in situ des décors par les comédiens, Raskine propose une lecture marxiste, psychologique et phénoménologique de la pièce éponyme.
Les puissants sont odieux (Silvia, Dorante), paternalistes (Orgon) ou distants (Mario) avec la « valetaille ».
Les valets (Lisette et Arlequin), costumés en maîtres, évoquent les parvenus de l’actuelle monarchie républicaine.
Le drame psychologique démarre sur un coup de foudre ! L’amour, une comédie que l’on se joue à soi-même.
Des fauteuils disposés en amphithéâtre nous en persuadent, ainsi qu’une tapisserie de couleur rouge pour exorciser les « effets sataniques » du théâtre.
« Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, mais chagrin d’amour dure toute la vie » est matraqué vers le public pour lui signifier qu’il est victime de cette supercherie.
Les voiles retirés des canapés symbolisent le dévoilement du mirage amoureux.
Au tableau final, Lisette et Arlequin sont heureux sur leur échelle-escalier, acta es fabula pour Orgon et Mario, grains de poussière sur des sofas couverts de rideaux.
Silvia et Dorante, dès le dévoilement, adoptent les postures de leur caste de morts vivants, les cheveux cendrés, une maigreur cadavérique.
Chez les riches, on ne badine pas avec l’amour.
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