Catégories: Culture
|
20 mars 2020 21 h 50 min

Ces polars venus du froid

Partager

Pendant longtemps, la Suède évoquait des magasins bleu et jaune et leur catalogue avec leur cortège de noms à l’exotisme nordique, mais un auteur a imposé un nouveau mot : Millenium.
Les dizaines de millions de la trilogie de Stieg Larsson d’exemplaires vendus à travers le monde ont donné un coup de projecteur sur le polar nordique plutôt habitué aux lueurs crépusculaires.

Auparavant, un auteur comme Henning MANKELL n’était pas un inconnu dans le cercle des amateurs de romans noirs, mais rien de comparable avec le vent du Nord qui souffle sur le marché du livre : les noms de Camilla Lackberg, d’Arnaldur Indridason figurent dans le classement des meilleures ventes de livres.
Quelques éléments pour mieux connaître ces romans venus du froid.
Une atmosphère : loin de la frénésie des thrillers à l’américaine, le polar scandinave prend son temps, le clair-obscur remplace les paillettes.
Ici, pas de héros en acier trempé, les failles de l’être sont apparentes, la dépression du commissaire Wallander de Mankell fait écho à l’alcoolisme du héros de Jo Nesbo, le géant Harry Hole, le lecteur peut trouver facilement une proximité avec ces personnages qui sont confrontés aux difficultés d’un quotidien pas toujours exaltant, humains tellement humains qui sont brutalement confrontés à l’inhumanité d’un crime.

Vie banale versus banalité du mal.
Un ton : le lecteur découvre la réalité moins reluisante d’un modèle social encore aujourd’hui source d’inspiration pour nombre de pays.
Derrière la façade ripolinée d’une société férue de consensus se cachent les lézardes d’une société qui perd parfois le nord, xénophobie, exclusion, drogue, etc.
Les polars scandinaves actuels prennent à bras le corps ces problèmes, la critique sociale y trouve sa place, héritiers des auteurs suédois des années 1970 Maj Sjöwall et Per Wahlöö.
Un dépaysement : le paysage fait partie intégrante des intrigues, petite ville de pêche, grandes plaines glacées ou forêts immenses autant de lieux qui semblent résumer le paradoxe scandinave, une impression de calme, de paix et tout à coup l’horreur qui surgit, des non-dits qui volent en éclats, des criminels qui sont produits par une société idéalisée, des yeux qui s’ouvrent sur une réalité inquiétante.
Il ne reste qu’une chose à faire : plonger dans les eaux glacées du polar polaire.