Qu’une œuvre doive forcément se rapprocher de ce qui l’a inspirée, un visage, un paysage, c’est la résultante de la conception gréco-latine de l’art en Occident.
Les œuvres de la statuaire grecque et romaine, puis, plus tard, de Michel-Ange, Leonard de Vinci, témoignent d’un monde où l’imaginaire et l’abstraction ne tenaient pas grande place.
L’art était avant tout sacré et codifié, l’omniprésence du religieux et du portrait s’expliquant tout simplement par le fait que les commandes émanaient des autorités de l’Eglise ou de la noblesse.
Basé sur le nombre d’or, les lois de la perspective, elles sont géniales, mais nous apprennent que les grands artistes de l’époque étaient avant tout des ingénieurs.
Réaliser la copie carbone d’un paysage ou d’un visage : cela s’appelle prendre une photo.
Et justement, l’avènement de la photographie a permis le glissement du figuratif vers l’abstrait.
Le «Land Art» est e prolongement de cet art abstrait, directement issu de l’observation de la nature et inspiré de ces formes.
C’est un art écologique qui cherche à être en harmonie avec le milieu naturel, comme le nid dans l‘arbre, le menhir planté dans un champ.
Qui n’a jamais construit un cairn lors d’une randonnée, ou admiré les formes des pierres roulées par les torrents ? Les premières œuvres on été réalisées dans les années soixante, directement inspirées des paysages désertiques de l’Ouest Américain.
Il s’agissait d’œuvres essentiellement gigantesques, nommées « Earthwork ».
Les précurseurs de ce mouvement, Michael Heizer et Robert Smithson, n’hésitaient pas à entreprendre des travaux de terrassement pour donner corps à leur imaginaire.
Très vite, la photographie s’est révélée être le complément indispensable de cet art, la nature de ce mode d’expression étant forcément éphémère.
Cette tradition se perpétue aujourd’hui à travers des artistes, tels que Nils Udo, sur un mode plus minimaliste; plus de tractopelles défonçant les terrains, mais des agencements subtiles de brindilles, de branchages et de galets.
Art profondément spirituel et écologique, il peut être aussi ramené à la simplicité d’un jeu d’enfant.
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