Moto & Cinéma : Burt Munro, de Roger Donaldson – 2006

Nous avons introduit notre rubrique Moto & Cinéma avec Rusty James, nous continuons aujourd’hui avec une autre merveille incarnée par l’immense Anthony Hopkins et mis en scène par un surprenant Roger Donaldson: Burt Munro.
Le cinéaste est responsable d’un certain nombre de gros calibres américains dont on retient rarement le nom de l’auteur.

Car il est étonnant de constater que ce petit chef d’œuvre est écrit et réalisé par ce metteur en scène, avec tant de justesse, de personnalité et de sensibilité.
Burt Munro (disponible en DVD) : produit en 2005, sorti en 2006.
Réalisateur : Roger Donaldson.
Acteurs : Anthony Hopkins, Diane Ladd, Paul Rodriguez, Aaron Murphy… Synopsis :Burt Munro en DVDNous sommes en Nouvelle-Zélande, au début des années 60.
Dans un atelier faisant office de ‘chez lui’, un vieux briscard à la fois sage et amoureux de la vitesse n’a qu’une seule occupation, celle de repousser les limites de sa très vénérable moto chérie à peine plus jeune que lui : une Indian Scout V-Twin 600 cm3 de 1920 !Un peu l’insulaire singulier du village qu’il n’a jamais quitté, Monsieur ‘Burt’ a pourtant un très vieux rêve : rejoindre un jour Bonneville dans l’Utah et son fameux lac salé, pour participer à la prestigieuse semaine de la vitesse et exploiter dans l’art les capacités insoupçonnées de son incroyable machine.

À 65 ans passés, quelque chose le pousse soudain à concrétiser ce rêve.
Mais comment financer un tel voyage vers les Etats-Unis ? La grande aventure commence là, une longue route en surprises, péripéties et ennuis en tout genres.
Mais c’est toute l’école de la vie et beaucoup d’humanité qu’il va rencontrer.
Le vieux Burt fera bien plus qu’atteindre son but, il deviendra une Légende vivante.
D’autant plus émouvante qu’il s’agit d’une histoire vraie.
Il faut dire que l’ami ‘Burt’ a un certain bagout qui va assurément l’aider face à de multiples rencontres, qu’il s’agisse de personnages ouverts et altruistes ou de gens plutôt antipathiques.
Il a surtout un côté naïf déconcertant qui rend une éventuelle étape ‘obscure’ transparente (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil).
Cette facilité scénaristique pourrait rendre le résultat indigeste.
Et pourtant, ce n’est pas du tout le cas.
Comment est-ce possible ?D’une part à son grandissime interprète, Anthony Hopkins dans un de ses meilleurs rôles au cinéma.
Non sans humour, on dirait qu’il cabotine.
En fait il rend grâce avec justesse à un personnage brut, un poil sourdingue, limite borné, mais toujours délicieux avec beaucoup de classe et de talent.
L’émotion gagne lorsque l’on mesure que ce combat est celui d’une passion et un défi avant la mort, un dernier tour d’honneur.
D’autre part au traitement tout en délicatesse et tendresse.
On ne tombe jamais dans l’excès (même la rencontre avec un réceptionniste travelo détourne les clichés), sauf peut-être quant on reconnaît si vite un bon (d’un mauvais) inconnu : la veuve emmène Burt directement devant la tombe de son mari avant de le faire tomber dans le lit.
On plonge dans une sorte de candeur stimulante complètement en phase avec le héros.
Enfin, il faut absolument rendre hommage à une superbe photo, qui transcende le design mécanique de la moto de course et les paysages traversés.
A Bonneville, les lacs salés sont (presque) aussi beaux que dans ‘The brown bunny’ de Vincent Gallo, film que nous aborderons également dans cette rubrique.
A la fin, il n’est pas du tout exclu d’avoir l’œil mouillé et il est même certain d’avoir le sourire jusqu’aux oreilles.
Burt Munro est une véritable réussite en son genre et rassure sur deux choses : le cinéma peut rendre honneur à la moto (ou l’inverse) et la vie est encore longue.
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