La rubrique Moto&Cinéma aime les icônes (Motorcycle Boy) et les road-movies (Burt Munro, The Brown Bunny.
Mais, elle ne serait pas digne de porter son nom en faisant l’impasse sur Le film qui initia le genre, il y a 40 ans déjà.
Le mythe archi-connu d’Easy Rider perdure toujours.
Aujourd’hui encore, Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson sont intimement liés à ces gueules de bois traversant une Amérique démystifiée et hostile, entre rêverie et cauchemar.
Durant ce road-movie école, au guidon d’un symbole de liberté, ils ne vont rencontrer sur leur chemin que stupidité, violence et incompréhension.
Révolutionnaire à l’époque, Easy Rider reste un manifeste sur la vie et la liberté pour toute une génération.
Easy RiderPorté au rang d’hymne, un seul propos du grand Jack suffit à résumer le synopsis d’Easy Rider: “Les gens d’ici croient avoir la liberté, mais la liberté c’est vous qui l’avez les gars.
Ils s’en rendent compte en vous voyant à moto, attifés comme vous êtes…et ça, ça leur fait peur.
Et quand quelqu’un a peur, et même, quand il se rend compte qu’il n’a pas la liberté au même titre que vous, là ça devient dangereux pour vous, pour votre peau”.
Ainsi, une mort indigne attend ces anti-héros, témoins d’une certaine Amérique réactionnaire.
Choc des cultures, racisme, christianisme puritain, retour aux sources et à la nature, sont les aspects d’un film traité comme un témoin authentique du tournant sixties-seventies.
Easy–Rider (disponible en DVD) : sorti en 1969.
Réalisation (et scénario): Dennis Hopper.
Rôles : Peter Fonda, Dennis Hopper, Jack Nicholson…Easy Rider marque la naissance du Nouvel Hollywood, qui apparaît à la fin des années 60.
Le Nouvel Hollywood prend ainsi son envol face au système de production classique bien rodé et en perte de vitesse à ce moment.
Dans la lignée du mouvement intellectuel de 1968, ce mouvement cinématographique est inspiré du Néoréalisme italien et surtout de la Nouvelle Vague: c’est le mouvement de la Contre-culture Américaine.
D’ailleurs, la cinémathèque de Paris n’a pas oublié de fêter en 2009 les 40 ans de ce mouvement en invitant Dennis Hopper lui-même, avec projection et retour sur le film, sans oublier la présence d’une réplique fidèle de ‘Captain America’, le fameux chopper de Peter Fonda.
Ainsi, Dennis Hopper est revenu sur cette époque où les jeunes réalisateurs américains s’emparent du principe de liberté en prenant pouvoir sur leurs films par rapports aux grands studios de production.
Le cinéma du Nouvel Hollywood devient celui des réalisateurs qui renouent avec le 7ème Art, un cinéma qui rompt avec le divertissements pour une construction nouvelle et atypique au niveau narratif et esthétique…Easy Rider connut à sa sortie un succès phénoménal.
Film d’une génération, entre flower power et contestation dure, sa réputation n’a cessé de vivre et de grandir.
Si nombre d’aspects ont vieilli (lenteur, camp hippies, dialogues simplistes, effets de style), le meilleur du film réside dans le message d’une singulière violence : mauvais trip au LSD, expédition meurtrière des braves gens contre les ‘vagabonds’ à cheveux longs.
Dennis Hopper instigue l’angoisse comme un vent persistant qui vient étouffer le possible rêve de liberté et d’évasion.
A l’opposé des rencontres de Burt Munro dans son road-movie pour rejoindre l’Utah et exhausser un rêve, Esay Rider livre une critique sévère d’une Amérique moyenne sinistre, conservatrice, puritaine et finalement victorieuse.
Toutefois, on ne peut limiter le film de Dennis Hopper à une simple rupture contestataire.
L’Amérique profonde vit à moitié recluse dans l’idéalisme et le moraliste illusoires.
L’histoire du pionnier, l’expérience mythique du parcours de l’homme dans un espace libre (sans frontière) sont vaines, perdues en raideur devenue.
Aussi, Easy Rider n’est pas qu’un vagabondage, mais une sorte de quête spirituelle qui aboutit à une mortelle désillusion, celle des préjugés culturels.
Ce n’est pas un appel à la transgression des règles, c’est plus le procès de l’intolérance d’une partie de l’Amérique hostile à la différence, aux marginaux et à la forme contestataire.
Cette conquête funeste de l’Ouest qui se voulait à visage humain, se solde par l’échec, le triomphe du médiocre et du conformisme sur l’insouciance.
Pessimiste et déroutant dans sa forme, Easy Rider est un film d’auteur qui reste toujours d’actualité.
Excellent acteur, l’artiste Dennis Hopper a le mérite de réaliser son premier film avec très peu de moyen et surtout avec élégance, puisqu’il signe cette oeuvre contestataire et politique sur un ton objectif dépourvu de haine.
Sans parler de dilétantisme, on ne peut pas dire que le jeu des acteurs est très appuyé.
Il suffit d’imaginer l’ambiance du tournage entre nos trois compères (scènes de fumette au cannabis réelles) et toute la musique qui l’accompagne: “Born to be wild…!”Avec son visage et sa grande silhouette dégingandée, Peter Fonda incarne encore cette image de biker très ancrée dans l’imaginaire des motards.
Eu égard aux thèmes traités dans le film, il se place en digne héritier de son illustre père (Henri Fonda).
En outre, n’oublions pas que ce film va lancer la carrière d’un monstre sacré, celle d’un certain Jack Nicholson.
Il impose déjà toute sa classe et son charisme, notamment en signant une scène culte (improvisée) pour tous les connaisseurs d’Easy Rider:Source photos : www.
toutlecine.
com
Laisser un commentaire