Dans le monde de la moto, j’ai envie de séparer les pilotes en deux catégories : il y a les boxeurs et les gladiateurs.
Ceux qui se battent tout le temps sur piste dans un cadre bien réglé sont les boxeurs, les autres ceux de la course sur route, pas de doute ce sont des gladiateurs.
C’est parce que je voulais rencontrer ceux à qui je voue une admiration sans limite que je suis descendu au Bol d’Or cette année.
Depuis que j’ai appris que ce team Honda TT Legends serait bien là, je n’ai pas cessé de songer à cela, interviewer l’un des gars ! car interviewer les autres, c’était trop basique.
Team Honda TT LegendsVoici donc, le récit de John McGuinness sur la moto, la compétition et l’Endurance et je peux vous dire que je me souviendrai longtemps de cet entretien…Motosblog : John, première question, je voudrais savoir ce que tu penses de l’endurance ? C’est assez inhabituel pour toi même si tu as connu Le Mans.
John : C’est un événement très spécial.
Quand nous avons reçu la proposition d’Honda, d’avoir un team aussi performant, c’était très excitant, c’est une super opportunité.
J’adore la compétition, quelque soit sa forme et être ici, c’est super.
Le public participe beaucoup à l’ambiance.
Et puis il y a les essais de nuit, même si je l’avais déjà découvert au Mans, ici c’était spécial, la nuit est très noire, il y a très très peu d’éclairage en fait.
Mais nous sommes satisfaits de nos résultats, on a réussit à être rapide et à rester entier.
Motosblog : D’ailleurs, vous devriez être de plus en plus rapide, vous découvriez la piste ?John : oui, totalement, même si on avait pu faire quelques essais ici, c’est une piste relativement inconnue face aux pilotes français qui la connaissent très très bien.
D’ailleurs, on découvre des trajectoires grâce à eux.
Aujourd’hui quand le pilote de la Kawasaki m’a doublé, j’ai pu le suivre et découvrir de nouvelles trajectoires même dans la nuit !Mais notre objectif, c’est déjà de finir, après on verra…Motosblog : A propos de la nuit, c’est une autre question que j’avais préparée.
Est-ce que tu penses que c’est plus dur de piloter la nuit sur une piste ou courir sur route ?John : Et bien c’est très spécial.
D’abord, tu sais, on a plusieurs séances d’essais, le warm up mais seulement 10 minutes par pilote pour s’essayer la nuit !La nuit accentue les sensations de vitesse, tu perds tes repères de freinage même si à plusieurs endroits sur la piste, il y a des marques de freinage, tu n’y arrives pas.
C’est difficile et en plus il faut passer à travers les pièges.
Il y a des grosses différences de niveaux entre les pilotes de devant et ceux de derrière, sauf que la nuit la seule chose que tu vois, c’est des petites lumières rouges, donc en plus il faut être sur ses gardes.
Mais malgré tout, on a tous un grand sourire sous le casque à l’idée de piloter la nuit ! Tu peux me croire sur parole, on est tous excité.
Motosblog : est-ce que tu a pu parler un peu avec les autres pilotes, prendre des conseils ?John : Bien sûr ! Beaucoup d’entre eux sont champions du monde d’endurance, c’est donc assez intéressant d’échanger avec eux, certains m’ont confié quelques trucs pour la nuit.
Et puis quand tu les vois tourner, wahou, t’as vu le temps de Vincent Philippe ? Il y a comme une compétition interne entre les pilotes français, c’était vite aujourd’hui en qualifications.
Je suis certain qu’ils veulent tous être devant même si pour cela il faut aller à la chute.
Motosblog : John, quand tu vis des événements comme celui-là, j’ai envie de te demander ce que tu préfères :la course sur route ou … la piste ?John : (il rit) En fait, je vais confier quelque chose : j’aime être sur ma moto quelque soit l’endroit.
Beaucoup me demandent comment je fais pour être aussi rapide sur route.
Te répondre maintenant, c’est pas facile car peut-être demain, à 4h00 du matin, après deux chutes, j’aurai un avis différent.
Mais en fait c’est toujours dur de pousser une moto à ses limites, quelque soit les conditions : route ou piste mais je recherche toujours le plaisir.
Motosblog : Finalement, t’es comme nous mais avec un niveau très différentJohn : (il rit) oui mais ce qui compte, c’est qu’on aime la moto ! La moto, c’est ma vie, ça fait 22 ans que je suis sur une moto et j’aime toujours autant ça, je n’ai jamais perdu cette envie.
Motosblog : Merci John et bonne chance pour demain !John : Merci à vous de nous suivre et peut-être à bientôt au TT …Sébastien, des relations presse Honda m’avait prévenu : “tu vas voir ces mecs là, ils sont au top”.
On en ressort avec des étoiles dans les yeux d’une discussion avec eux.
Humilité, accessibilité, passion et respect de leurs supporters.
John à la sortie de son motor home a pris 10 minutes pour rester avec des fans, parler, découvrir les albums photos.
Il n’appartient pas à son public, il est avec son public, comme un ami à qui on peut taper de temps en temps sur l’épaule et lui dire “Alors quoi de neuf ?”.
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