×
google news

Superbike, Magny-Cours 2011: interview de Maxime Berger

Nous avons aussi eu la chance d’être reçu par Maxime Berger pour un interview dans son motor-home privé au sein du paddock WSBK de MagnyCours.
En plus d’être volontaire et rapide, il est doué de maturité avec une grande gentillesse.
Au point de venir me chercher en scooter et de nous accueillir dans le box du team Ducati Supersonic! Aussi, il demanda aux mécanos de son équipe d’interrompre brièvement leur travail pour figurer sur la photo et pause juste à ma droite.

Le lendemain, Maxime Berger fit de bons essais en dépit d’un problème technique récurrent (coupures moteur dûes au shifter).
Dimanche, il dût abandonner en Course 1 à cause de ce problème non-résolu (flagrant en bord de piste).
En course 2, Maxime rejoindra malgré tout la ligne d’arrivée en 12ème et dernière position (pneus morts).
Vous pouvez aussi découvrir son propre commentaire audio du week-end Nivernais sur son site personnel.
En attendant, il prit le temps de répondre à nos questions:Bonjour, Maxime.
Vous avez réalisé 3 top 10, dont une superbe 8ème place à Silverstone.

Vous êtes aussi particulièrement rapide dès les essais libres.
Etes-vous satisfait de votre progression?“La saison s’est plutôt bien passée.
J’arrive à MagnyCours, il ne reste plus que 2 courses et c’est ‘pinuts’ par rapport au reste de la saison où on a déjà fait 11 manches et 22 courses.
Il en reste donc 4.
Un grand pas est déjà fait et je suis super content de ma 1ère saison.
C’est déjà difficile d’arriver en Superbike… et d’y rester.
Il y a pas mal de pilotes qui sont venus et qui se sont ramassés pour revenir après.
Donc, mon objectif était déjà de rentrer dans le top15.
Seuls les 15 premiers marquent des points et il y a pratiquement 14 motos officielles, quasiment.
Donc, marquer et rentrer dans les 15 premiers, c’est déjà beaucoup.
Ça veut dire qu’on est aux pieds des motos officielles.
Bien.
Après, le top10, c’était si possible une fois dans l’année.
J’en mets donc quelques unes derrière.
”Votre objectif était quand même le top10:“Oui.
J’ai regardé cet hiver: on prend les pilotes, il n’y a pas de mauvais.
Il n’y a que de bonnes motos.
Les bons, ils ont les motos officielles.
Alors, arrivé avec une moto privée, en tant que ‘rookie’ (débutant) à 22 ans et apprendre tout au long de la saison sans faire trop d’erreur… Oui, difficile.
Donc, dans l’ensemble, je suis quand même content de ma saison.
Une saison positive.
”Vous avez marqué des points dans 11 top 15 (12 après MagnyCours).
Mais votre saison est également marquée par 9 abandons (10, dimanche dernier en Race 1), la plupart techniques.
Seuls 3 week-ends se sont finalement déroulés sans abandons.
Qu’en pensez-vous?“J’ai calculé avant de venir, sur 22 courses, il y a 9 abandons dont une où je chute mais pas réellement de ma faute.
En fait, c’est Aragon.
En bout de ligne droite, Troy Corser tire tout droit et revient sur la piste.
Moi, pareil, je tire tout droit.
Malencontreusement, il revient sur la piste dans un sens inapproprié.
Je ne peux pas faire autrement que de le percuter.
Le problème est en fait de l’éviter.
Il revient sur moi et du coup, je le percute.
(…)C’est pour ça que je ne regarde pas trop le championnat.
Beaucoup de personnes me disent « Au championnat, comme ça s’est passé, vous êtes 16ème.
» Après 9 abandons sur 11 courses, ça fait quasiment 50% d’abandons où ce n’est pas de ma faute.
Donc, le championnat, je ne regarde pas vraiment.
Pour répondre à la question, de dire… Voilà, on a fait le top10.
Marquer des points, c’était mon objectif.
Et après, le championnat, c’est vraiment en 2ème temps.
Si après, j’arrive avec la prétention de venir jouer le top5 et rentrer dans les 5 premiers (au classement général), j’aurai certainement regardé le championnat.
” Sans parler de la jante cassée où là, vraiment, vous n’avez pas de bol.
50% d’abandons, c’est quand même beaucoup…:“Hmm… En rentrant dans le team cette année, c’est vrai que la moto… Oui oui, cette année, il nous est arrivé des choses un peu bizarres.
Mais, c’est un team privé.
Donc, les moyens ont été assez reserrés à la vis.
Même dans les teams officiels, c’est reserré au niveau budgétaire.
Donc, on a eu quelques problèmes.
La moto n’était pas neuve et c’était une moto de l’année dernière.
Luca Scassa avait déjà fait une saison avec.
Et avant, la moto n’était pas neuve non plus.
Elle a donc plusieurs saisons.
Bon, les pièces ont été changées.
C’est vrai que sur ces machines là, les pièces, moteur, cadre, on peut tout changer.
Mais la moto n’était pas neuve de l’an passé.
”D’ailleurs, ce n’est pas comme en Grand-Prix.
En Superbike, vous n’êtes pas limité en nombre de moteurs:“Non.
Mais, après, c’est le budget.
Dans un tema privé, le nombre de moteur va être limité au minimum.
Et dans un team officiel, bon… On peut passer plusieurs moteurs dans le week-end.
”Selon vous, quelles sont les différences entre votre 1198R et les autres Ducati 100% privées, notamment celles du team Liberty Racing (à la différence du team Althéa)?“Leurs machines, ce sont les motos 2010 de Noriyuki Haga et Fabrizio que eux (le team Liberty) ont récupérés.
Bon, je pense que des pièces sont aussi parties chez Althéa.
”Donc, effectivement, ce sont des ex-motos d’usines et pas des motos clients.
“Non.
La mienne est vraiment une moto client à 100%.
Bon après, cette année, on (le patron) a pris le système ‘Ride by wire’ qui est un système électronique.
Ça, je l’ai pour se mettre quasiment au niveau des autres motos, pour avoir à peu près le matériel d’une officielle.
Maintenant, toutes les machines sont équipées de ce système là.
Mais on n’a pas le matériel, ça reste une compé-client.
”Vous vous êtes bien adapté au ‘Ride by wire’ (commande électrique des gaz)? En Superstock 1000, ce n’était pas encore d’actualité.
Sauf les motos qui en avaient d’origine…“En Superstock, on n’avait pas de ‘traction-control.
’ Sur la Honda dont je disposais, je n’avais pas de ‘Ride by wire’, sauf les BMW avec leur ‘traction-control’ et aussi le ‘Ride by wire’, je crois.
Nous, on n’avait rien du tout.
C’est vrai que tout était nouveau pour moi au niveau de l’électronique en Superbike.
Cela fait énormément de choses à gérer.
On a 3 angles de chasse différents, 11 positions au niveau du T de fourche.
Quant on arrive dans un team qui a énormément d’expérience, c’est clair que les réglages sont rapides à trouver.
Dans un team privé comme c’est le cas, on met des fois un peu plus de temps à trouver les bons réglages.
Ils ont certaines bonnes bases.
Mais des fois, il faut chercher.
”L’arrivée du ‘Ride by wire’ était un grand changement en terme d’évolution?“Vous savez, ce sont des systèmes simples.
C’est une poignée à commande électronique avec un potentiomètre et je gère le truc.
Quand la moto commence à glisser, ça gère une ‘auto-gestion’ pour enlever un peu de puissance.
C’est comme une 2ème poignée de gaz.
En fait, c’est simple et automatique.
”Pour vous, pas de problème d’adaptation, alors…:“Non.
J’ai entendu que quelques pilotes avaient du mal à s’y fier.
C’est vrai qu’on n’a pas énormément de sensations.
Ça fait bizarre, on dirait qu’on a une moto… un jouet électrique.
Sauf que là, il y a 200 chevaux.
Donc, voilà… Autrement, non.
Ça s’est passé très rapidement.
Même avec la Ducati.
Je n’avais jamais conduit une Ducati de ma vie.
”En terme de pilotage, dans quels domaines vous pensez devoir progresser? La Ducati est-elle justement une machine de course exigeante ou particulière à piloter?“Cette moto est une moto fine à conduire, avec énormément de couple et elle pardonne quelques fautes de pilotage.
Les 4 cylindres sont beaucoup plus pointus.
Au niveau de la plage d’utilisation, elle est beaucoup plus courte que la Ducati où il y a une plage d’utilisation immense.
C’est clair que pour débuter, c’est le top du top.
”La prochaine Ducati 1199 Panigale est à la fois un épouvantail pour les constructeurs Japonais et une source d’inquiétudes, du fait de sa parenté avec la Desmo16 de MotoGP en terme d’architecture.
Vous intéresse-t-elle pour l’avenir?“Pour l’instant, ça serait génial si je pouvais faire une autre saison avec une Ducati.
Pour l’instant, je suis à la recherche d’un team car ‘mon’ team Supersonic s’arrête l’année prochaine.
Donc, je ne sais pas trop comment les choses vont se passer avec les nouvelles Ducati, si elles vont être développées.
J’espère que mon travail restera pilote de moto.
Tout ce qui concerne la moto en terme de développement pour l’année prochaine ou quoique ce soit, tout m’intéresse.
Mais je pense qu’il s’agira sera sûrement des pilotes Italiens en priorité.
Vu que la moto est Italienne…”Avec cette nouvelle machine ‘Extrême’ et quelques autres comme l’Aprilia RSV4, les Superbikes sont-elles trop performantes et/ou trop coûteuses pour la discipline?(…) J’ai entendu dire que la réglementation va changer.
Peut-être une moto (par pilote, au lieu de deux), tant de moteurs à l’année, systèmes électroniques un peu réduit… mais rien n’est sûr.
Ce que je dis n’est pas défini, j’en ai entendu parler car ils veulent limiter les budgets.
C’est bien.
C’est clair que ça nivellerait le niveau et pourquoi pas, si ça peut ramener quelques places avec des pilotes en plus.
La marche est-elle haute entre le Superstock 1000 et le WSBK?“Oui, c’est quand même quelque chose de complètement différent.
Ce n’est pas ce qu’on croit, en fait (rire)… Le Superstock reste quasiment stock.
La Superbike a des pneus slicks avec 11 ou 12 trains de pneus par week-end.
En Superstock, on avait 4 trains avec une course de 12 tours.
Là (en SBK), le dimanche, c’est 2 fois 24 tours!Par rapport à avant, le travail est complètement différent.
Si la Superbike est un peu moins physique qu’une Superstock, avec les jantes magnésium et un peu de matériel qui aide, le problème est qu’il y a énormément de top pilotes.
Il n’y a que des top pilotes.
Ils ont tous faim et ça roule très très vite.
Ils ont du bon matériel aussi, donc… C’est clair qu’il faut s’accrocher tous les week-ends.
En Superstock, je ne dis pas qu’il n’y a pas de bons pilotes, hein? Il y a d’excellents pilotes.
Mais là (en Superbike), on arrive vraiment à aller vite (…).
On est 22 pilotes et quand tu es à plus de 2 sec d’eux en qualif, tu es 22ème.
Généralement à chaque circuit, c’est 1 dixième, 1 pilote.
(…) C’est plus chaud.
”Y a-t-il un ou plusieurs pilotes en Mondial Superbike que vous appréciez en particulier, sur la piste ou dans le paddock?“(…) Tous les pilotes sont motivés et ne se parlent pas trop.
Pas beaucoup.
Ça demande énormément de temps.
Avant, dans un week-end de course en Superstock, j’avais plus de temps libre.
Là, on n’a pas trop le temps.
Quand on a fait son travail sur la piste, le travail dans le team, se reposer, rebosser et se préparer pour le lendemain, rediscuter avec les mécanos et tout, on a en fait croquer la journée en pas longtemps.
Avec les autres pilotes, je n’ai pas trop le temps.
Mais…J’ai déjà eu l’occasion de voir Carlos Checa pendant les sessions autographes du jeudi après-midi, j’arrive en même temps que lui et tout le monde se dit bonjour.
En voyant l’homme et en l’entendant un peu discuter, on discute dès fois à peine car il est concentré à 200%, c’est quelqu’un de très humain, très… Il a vraiment un… On sent que c’est un brave homme et que ce n’est pas quelqu’un de fier, non…Carlos Checa, vraiment un top pilote pour moi et pffou… impressionnant depuis le bord de la piste.
Vraiment impressionnant sur la piste.
Bien! Non, vraiment le mec… Un sacré mec et un sacré pilote.
Il va être Champion du Monde et je suis vraiment content que ce soit Carlos Checa.
Je ne dis pas ça parce que j’ai une Ducati ou je n’sais pas quoi… J’ai vraiment beaucoup d’admiration pour ce pilote là.
Je n’ai pas eu beaucoup d’admiration pour certains pilotes.
Mais pour la moto, il n’y aura que Carlos Checa.
Je pense… Oui , quasiment de l’admiration et Sébastien Loeb.
Avant, je n’avais pas d’admiration particulière pour un pilote de moto.
On voit tous à peu près la personnalité des gens, en discutant un peu ou en voyant leur comportement.
(…) Il en a vraiment chier (Carlos Checa).
Quand on connaît toute son histoire, il est passait par de sacrés galères.
Et là, il soude, hein… (…) L’année dernière, c’est comme je disais dans certains articles.
Il y avait Max Biaggi.
C’est clair que des matins, on se lève, on ne sait pas si c’est notre jour, on se sent bien.
D’autres matin, on se sentira moins bien.
Les années, c’est pareil.
Il y a de bonnes années, les moins bonnes années.
Et c’est clair que Carlos Checa, il s’est levé du bon pied.
Il est concentré, il est joyeux sur toutes les courses, il est détendu, il travaille.
A 38 ans, je pense qu’il a la maturité et l’expérience.
Le savoir, quoi.
Il est chez lui.
C’est comme un poisson dans l’eau, là.
”Quelques pilotes sont très rapides ici en fin de saison à MagnyCours.
Êtes-vous prêt pour faire votre meilleur résultat de l’année devant votre public?“Ah! Ça serait parfait, ça serait magnifique.
Je vais tout donner pour MagnyCours.
Puis, j’habite à côté.
Dijon, c’est la Bourgogne.
”C’est un circuit que vous appréciez?“Depuis mes débuts moto, je n’ai jamais eu trop de budget pour m’entraîner, même à l’heure actuelle.
Je n’ai jamais fait beaucoup d’essais (…), parce que pas trop de budget pour aller rouler.
”Même chez Honda Ten Kate en Superstock 1000?!“Même avec eux.
Ma 2ème saison chez Ten Kate, normalement, je n’avais pas le guidon.
Et j’apprenais en Mars que je pouvais faire la saison par rapport au budget.
Ça s’est donc débloqué et je suis arrivé à la 1ère course à Valence, sans rouler de l’hiver.
O km.
Et il me semble bien avoir fait le podium.
Ça remonte à 2009, si je me souviens bien : j’avais trouvé un budget pour vraiment aider le team afin que je puisse rouler et je suis arrivé à la 1ère course sans rouler de l’hiver.
J’ai toujours galéré un peu…En moto, c’est très difficile de s’entraîner, de part les kilomètres pour trouver une piste, les coûts de déplacement, les mécanos, la moto, les pneus, l’essence, les pièces d’usure… ça fait énormément de choses.
L’argent pour un ou deux jours d’entraînement, c’est très difficile.
Je n’ai jamais eu trop l’occasion de m’entraîner.
Je suis donc jamais venu m’entraîner spécialement à MagnyCours.
”Ni à Dijon (rire)…?“Ni à Prenois.
(rire)…”Suite à l’arrêt de l’activité WorldSBK de votre équipe à l’issue de cette saison, il apparaît que le team Liberty est intéressé par le rachat du matériel Supersonic pour engager une 3ème machine en 2012, avec votre nom dessus (depuis l’interview, son nom est également évoqué chez Kawasaki Pedercini).
Votre nom circule aussi en Mondial Supersport au sein de la nouvelle équipe officielle Kawasaki 2012, le team Lorenzini by Leoni.
Quels sont vos intentions pour l’année prochaine?“Il se passe deux ou trois petites choses en ce moment.
Le team Supersonic va réellement être racheté par Liberty.
C’est vraiment d’actualité.
Après, le pilote, ça ne va pas être moi.
Normalement, je sais qui a peut-être signé.
Voilà… Mais, il y aurait éventuellement une autre moto supplémentaire.
Ce n’est vraiment pas sûr.
ça dépend du règlement, si le règlement inflige une (seule) moto par pilote.
Alors, ça impliquerait peut-être plusieurs motos (4 en tous).
(…) Après, le Supersport… Moi, je veux faire ma carrière en Superbike.
Je suis là pour monter l’élite.
Le Superbike a toujours été mon rêve.
Même quand j’étais petit, avant de commencer la moto, mon père faisait de la compétition moto et je regardais le Superbike.
Je me rappelle de Noriyuki Haga sur la Yamaha R7, j’étais devant la télé et… Wooh! Impressionnant!”Pas les Grand-Prix?“Euh, non non.
Mon père regardait pas mal le Superbike et ça me bottait bien aussi.
Je me rappelle bien d’Haga et maintenant, je roule avec Haga.
Voilà, c’est resté en Superbike.
Après, euh… Supersport, par rapport à ma corpulence, faudrait que je sois un plus fin et moins grand.
La Superbike, c’est plus une moto difficile à piloter.
Par rapport à ma taille et mon poids, c’est une moto qui me convient le mieux.
”Vous avez acquis 1 an d’expérience en WSBK, il faut l’utiliser dans la discipline:“Sûr, c’est clair.
Ce qui nous manque à l’heure actuelle pour les pilotes Français dans le championnat du monde, on n’a pas de… Il n’y a pas de sponsors Français impliqués dans le championnat.
C’est malheureux à dire, il y a beaucoup de teams Européens, mais pas Français.
Et beaucoup de sponsors Européens, mais pas Français.
(…)Voilà, faut croiser les doigts, espérer qu’il y a un team qui croît en Berger Maxime pour que je puisse refaire une saison l’année prochaine, trouver un bon sponsor impliqué dans un team qui croirait vraiment en moi.
Je travaille dans ce sens.
”Tout de même, vous vous êtes fait un nom dans le milieu:“C’était une grosse étape.
Comme je le disais tout-à-l’heure, après 3 ans de Superstock, la différence était très grosse par rapport au SBK.
Et l’an dernier, personne aurait mis 1 Euros sur ma tête pour que je puisse venir en Superbike.
Dans ma région, j’ai trouvé des gens qui m’ont fait confiance et qui m’aident depuis longtemps.
Des mécènes, des gens qui viennent sans rien avoir en retour et qui croient réellement en moi depuis de nombreuses années.
Grâce à ces gens qui sont devenus des amis, ce n’est pas n’importe qui, j’ai pu arriver ici.
Je me donne à fond.
Ce n’est pas si mal que ça, je pense que j’ai ma petite place dans ce monde qui va très vite, celui du Superbike et je travaille tout pour.
(…) J’ai beaucoup de personnes qui me suivent, en commençant ma petite carrière de pilote à l’âge de 8 ans.
J’ai vraiment une histoire, un beau petit bouquin derrière moi.
Cela a plu à des personnes qui ont pris cela à cœur.
Certaines viennent de la moto, d’autres sont hors du milieu.
Elles m’ont vraiment fait confiance durant ces 7 ans.
Je suis passé par quelques petites galères.
On a tenté pas mal de choses, même un peu folles.
A l’âge de 13 ans, j’avais envie de rouler sur une 600 en 4T qui commençait à se développer.
Ce n’était pas possible en France de rouler en Supersport (16 ans minimal).
J’ai dit à mon père : je pars en Espagne et il faut trouver une 600.
On est parti là-bas et au bout de 2 courses, j’en gagne une.
C’est ça qui m’a lancé avec les gens qui m’ont aidé.
J’ai fait la sélection d’Alberto Puig (ex-pilote GP et actuel coach de Dani Pedrosa).
A mon arrivée, il y avait 8000 candidats.
Il devait en prendre 22 et j’ai été pris.
Problème, je ne pouvais pas.
Avec les gens qui m’aidaient, ce n’est pas un reproche ni même un regret, il fallait que je roule en Championnat de France pour faire mon année en 125.
Je suis ensuite arrivé en Superstock à 15 ans et aujourd’hui, j’en ai 22 en Superbike.
C’est difficile d’y rester, mais je ne me prends vraiment pas la tête sur tout ce qui se passe.
”Vous n’avez jamais eu le soutien d’un constructeur comme Sébastien Charpentier à l’époque ou Loris Baz chez Yamaha?“Le problème, je vais vous le dire… (…) Quand je vois ça, ça me fout les glandes: en hiver, quand j’appelais certaines personnes pour débourser une aide, un budget ou quoique ce soit, on m’a envoyé péter comme jamais.
On dérange les gens.
(…)On voit bien en Italie, ils ont un team en Championnat du Monde et ils peuvent se battre avec les officiels.
Je ne sais pas comment ils se débrouillent, mais voilà: ils sont motivés à 200%.
En France, qu’est-ce qu’on a?On a des pilotes de 35-40 ans (…).
Ces gens là sont vraiment aidés, suivis et nous les jeunes qui sommes en Championnat du Monde, on a rien.
Il y a un gros bordel, là.
En France, je ne sais pas comment ça se passe avec l’argent, mais ce n’est pas normal.
(…) Tous les budgets restent en Championnat de France pour des pilotes qui n’ont plus d’avenir.
Honnêtement, ce n’est pas pour être prétentieux ou méchant.
Mais au bout d’un moment, ça gonfle un peu.
Faut pas se voiler la face (…) avec un pilote de 35 ou 40 ans s’il a encore de l’avenir.
Passe encore avec l’Endurance mais après, faire le Championnat de France et que tout est pour eux? Nous, on a rien? Les miettes.
C’est un peu dommage.
Je n’ai même pas une moto pour m’entraîner, j’ai rien.
On ne m’appelle même pas pour me dire « on peut vous avoir ça »… (…) Même dans le milieu de la moto.
Je n’ai jamais eu d’aide de la Fédération Française de Moto, elle n’est qu’en Grand-Prix et elle m’évite.
Les budgets sont toujours dispersés pour des choses bizarres et nous, on n’a jamais d’aide.
Au niveau du (Mondial) Superbike, les pilotes (Français) sont très peu aidés.
Bon, la Fédé, c’est elle qui ‘choise’ et elle ne m’a jamais rien proposé.
Ce n’est pas à moi d’aller leur prouver mon talent.
C’est à elle de s’occuper de nous, c’est leur travail.
(…) En France, il y a un beau petit bordel.
C’est aussi pour ça qu’il n’y a pas énormément de pilotes Français.
Je vois des petits jeunes comme Egea en Superstock (600), ses parents en chient et tout, il n’est pas aidé.
La France ne met pas un sous, on ne les aide pas.
C’est le problème de la France.
”Quant on voit l’Espagne ou l’Italie…:“On est à l’arrêt.
”Avez-vous le temps et l’envie d’être motard dans la vie?“Oui, j’ai passé mon permis l’année dernière avec une Auto-Ecole qui m’aide sur Dijon.
J’ai fait un peu de moto au moi d’août… La 1ère fois ! Avec ma copine, vite fait, parce que je n’ai pas de moto.
Un concessionnaire de Dijon m’a prêté un 1250 (Bandit), on s’est baladé et… je me suis fait un peu taper sur les doigts par la Police.
Parce que j’ai fait une petite… Pourtant, je travaille en faisant de la Prévention Routière sur Dijon et là, c’est moi qui fait le con.
Bon, rouler à 90 sur la route, c’est clair que c’est très difficile pour les motards.
(…) La route, c’est génial.
Mais (…), je suis habitué à la piste (…).
C’est un régal de se promener en moto, de partir en balade avec quelques amis, de s’arrêter au p’tit bar, boire un p’tit diablo et de repartir, prendre l’air.
Vraiment, je n’avais pas vu ça comme ça.
A mes pôtes, sur la route, je disais toujours de ne pas rouler sur la route: « vous êtes fous, ça va trop vite.
» (…) Soit on roule vite et on fait du circuit, pas sur la route.
Mais j’ai vraiment adoré, parce que c’est un moment de liberté.
En France, on nous brime tout, les jeunes (…).
On ne peut pas faire grand chose.
Il y a tellement de choses à faire si on se bouge le cul pour faire de la moto, se balader, travailler et faire ça avec un peu d’argent, se faire plaisir.
(…) Même avec les gendarmes! j’ai discuté un peu avec eux, c’était des gens compréhensifs.
Je ne me suis pas fait prendre trop vite non-plus.
(…) La moto, c’est un sacré moment de liberté pour bien se sentir.
On est cool.
Je n’aurai pas cru que cela me plaise autant que ça.
Au début, j’en ai un peu chier au niveau du plateau.
Il fallait rouler moins vite parce que j’étais en dessous des 15 sec et après c’était les fiches.
Ah, les fiches… j’ai un peu ramé.
Bah, j’avais du temps durnant l’hiver et j’ai appris.
Banco, le permis.
Pour l’été, je voulais une Goldwing (rire)… pour rouler pépère, bien installé avec la musique et tranquille.
Finalement, on m’a prêté une moto un peu plus sportive et je me suis vraiment régalé.
Je comprends maintenant la sensation des motards sur la route.
Ce n’est pas facile d’avoir toute cette émotion entre nos jambes et qu’on peut se donner en accélérant, quoi.
Du coup, je continue de voir les gens pour donner des cours de moto.
Cette année, en travaillant avec l’Auto-Ecole (Notre Dâme), on a mis ça en place et j’en ai fait deux (cours) à Dijon.
Et j’aimerai bien travailler sur ça pour recadrer les gens, parce que j’aime bien ce milieu de la moto.
Je pourrai dire, « Je suis un pilote, j’aime pas la route, c’est dangereux, j’aime pas la moto, etc… » En fait, j’aime vraiment ce qu’il y a autour et il y a de belles choses à faire.
Faut que ça continue et de toutes façons, j’y travaille.
Il n’y a que le travail qui paye.
Dès fois, on croit qu’un pilote de moto a du temps libre, mais quand on regarde bien et qu’il faut s’occuper de tout, c’est un job à temps plein.
”L’hiver, c’est une période toujours difficile pour un pilote? Les contrats…?“Pas du tout.
L’hiver dernier… Oh, vous savez, je ne stresse vraiment pas.
J’ai 22 ans, si la moto continue pour moi, c’est parfait.
Je ne vais pas non-plus me couper une couille pour continuer la moto.
Je suis déjà assez fou.
Moi, j’amène un budget et je n’ai jamais vu quelqu’un rentrer dans une entreprise, amener un budget sans gagner de l’argent et travailler une année.
Moi, c’est ce que je donne.
(…) Mon père est fromager et ma mère les vend.
Il a arrêté depuis 2 ans pour me suivre un peu plus.
(…) Ma mère vend toujours les fromages sur le marché et si la moto s’arrête, j’aurai une reconversion pour être fromager.
Maintenant, il faut que des gens nous aident parce que, se faire autant de mal que ça, pas de guidon, pas dormir la nuit…J’ai bien regardé, faire de la moto ou apprendre à savoir faire du fromage pour garder le savoir de mon père, et retransmettre à une autre génération, pourquoi pas.
Je trouve ça beau aussi.
J’ai plein de passion dans la vie, comme la pêche!” Votre famille ne vous a pas freiné ou empêché de faire de la moto?“Elle ne m’a jamais poussé ou… Oh, ce sont plutôt les parents qui mettent les enfants (pilotes) dans la moto : « Tu feras de la moto.
» A mon époque, j’ai même vu des jeunes prendre une claque dans la gueule s’ils ne voulaient pas monter dessus.
C’était pas loin.
Les miens m’ont toujours laissé la liberté de choisir.
Juste, on va voir… On ne s’est jamais pris la tête: « Tiens, je verrais bien mon fils en Championnat du Monde.
» Non.
On a toujours pris du plaisir, sans trop se prendre la tête.
J’ai des parents exceptionnels et modestes.
(…) J’ai peut-être un avis différent par rapport aux points de vue d’autres pilotes ou d’autres personnes, je ne sais pas.
(…) Et un regret si la moto ne peut pas m’apporter du travail, alors que j’ai tout sacrifié au niveau de l’école.
(…) J’ai voulu reprendre en Agriculture et c’est exaspérant en France, il n’y a rien de mis en place.
(…) En tant que pilote moto ou sportif de haut niveau, (…) il n’y a personne de la région pour organiser quelque chose.
(…)La moto, on m’a toujours laissé, autant que la Fédération Française qui aurait pu m’appeler pour me dire: « On va vous aider pour faire ça ou ça, comme solution…»On m’a jamais dit si j’avais des droits, pour me gérer un peu.
Ceci dit, (pour revenir) côté soutien, ça peut changer.
Aujourd’hui, il y a de nouvelles personnes.
Ça peut donc changer…”Merci beaucoup à Maxime Berger pour cet entretien avec Motosblog.
frPhoto : Philippe Badier (voir aussi galerie MagnyCours WSBK11)

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*



Contacts:

Lire aussi