Le salon de Paris a fermé ses portes hier mais nous retournons au salon avec notre interview du Président de Ducati France : Thierry Mouterde.
Nous abordons avec lui la nouvelle Panigale, le débat de l’abandon du treillis et le futur de la marque.
Motosblog : Aujourd’hui, le monde de la moto est sur Ducati puisqu’on ne parle que de la Panigale ? C’est quoi la sensation chez Ducati du fait de retirer la couverture à soi et faire parler de la marque autrement que sur les résultats un peu difficiles de Rossi en MotoGP ?Thierry Mouterde : On ne tire pas la couverture à nous avec la Panigale, c’est le résultat d’un travail, d’un énorme travail de la part de tous ceux qui ont travaillé sur la moto.
C’est une moto en avance sur son temps, il y aura un avant et un après Panigale.
Elle est 100% nouvelle qui remplace la 1198, encore championne du monde Superbike cette année, on peut se dire qu’elle n’avait peut-être pas besoin d’être remplacée.
Nous avons ressenti ce besoin pour 2012, année qui s’annonce difficile quand on regarde la conjoncture économique à travers le monde.
Nous avons décidé d’être acteur avec cette moto, qui n’avance pas aujourd’hui, recule…Cette moto va nous permettre de reprendre des parts de marché dont certainement celles que nous avions perdues dans le segment des Hypersportives.
Nos capacités de production feront que l’on sera un peu court pour satisfaire toutes les demandes la première année, mais ensuite, la seconde, nous n’aurons pas de soucis pour approvisionner tout le monde.
C’est une machine qui représente Ducati par son ADN 100% Ducati, c’est une machine qui respecte la clientèle Ducati qui avait peut-être un peu peur que l’on se disperse trop dans les nouveaux genres comme la Multistrada.
C’est une Ducati parce qu’elle est sportive, belle et technologique.
Motosblog : Vous vous êtes affranchis d’un certain passé (le cadre treillis), est-ce que cela a été une décision difficile, les ingénieurs que l’on pourrait croire puristes Ducati, ont-ils été de suite été séduits ? ou bien est-ce une réflexion assez naturelle ? Thierry Mouterde : Ecoutez, on n’abandonne pas le treillis au sein de la marque, tout le reste de la gamme est en treillis.
Pour la 1199, c’est différent, l’exigence sportive est très présente et le cadre treillis ne pouvait plus beaucoup évoluer.
Ducati est une marque qui a besoin d’aller de l’avant, qui a besoin de créer, de développer pour exister.
Le cadre treillis ne nous permettait pas de développer plus en avant ce concept d’hypersportive donc nous sommes allés ailleurs avec un nouveau moteur, un nouveau cadre.
Tout cela fait qu’aujourd’hui, nous espérons laisser loin derrière la concurrence.
Motosblog : le choix du châssis, c’est pour faire comme le MotoGP ?Thierry Mouterde : Non Ducati ne se fait pas uniquement plaisir d’introduire sur le marché, une moto avec moteur porteur et cadre aluminium.
La Panigale, il ne faut pas la voir comme la Desmosedici, nous faisons cela parce qu’elle apporte de vrais plus sur le domaine de la sportivité.
Motosblog : on s’inquiète un petit peu pour la 848 Evo.
Quel développement la moto peut-elle encore connaître ? Ou bien dans 2 ou 3 ans, est-ce que l’on ne va pas tout simplement voir arriver une baby Panigale ?Thierry Mouterde : La 848 Evo est une superbe machine qui connaît un franc succès notamment aux Etats-Unis.
Pour le moment, il n’est pas question de faire un baby Panigale.
Laissons déjà l’outil de production répondre à la demande pour la 1199, la 848 Evo, elle, fait toujours partie de la gamme et en fera encore, sans doute, partie l’année prochaine.
Motosblog : vous nous parlez beaucoup de capacité production, combien de Panigale êtes-vous capable de produire ?Thierry Mouterde : Entre 6 et 7000 unités.
Motosblog : Sur la Multistrada, vous aviez mis un package électronique plutôt élevé, la Panigale monte encore d’un cran ce package, est-ce que vous ne pensez pas que cela puisse être une source d’inquiétude pour les motards ?Thierry Mouterde : Source d’inquiétude, non même si cela aurait pu être le cas, la Multistrada le prouve.
Beaucoup de gens se sont demandés comment cela aller marcher même en interne avec nos forces commerciales.
Il n’y aucun problème, nous sommes précurseurs en matière d’électronique, c’était une prise de risque à l’époque, aujourd’hui nous mettons la barre très très haute avec la Panigale, à la concurrence de suivre maintenant !Motosblog : On le voit, vous l’avez aussi répété, Ducati c’est beaucoup d’innovations à travers l’histoire.
Dernièrement vous avez défriché beaucoup de terrain avec l’hybride Multistrada, le power-cruiser Diavel, on nous a en même temps certifié qu’il n’y aura jamais de scooter chez Ducati mais finalement ce sera quoi le futur de Ducati ? Une SS peut-être ?Thierry Mouterde : Notre but, c’est surprendre tous les ans.
Multistrada en 2009, Diavel en 2010, Panigale en 2011, chaque année nous sortirons une grosse nouveauté plus deux ou trois facelifts ou adaptation d’un moteur à un nouveau châssis.
L’objectif c’est de surprendre et d’amener toujours plus de clients à Ducati, il est évident que la clientèle de base, on la connaît et on veut la choyer mais on veut aussi aller chercher une clientèle plus vaste mais avec toujours la même philosophie : une moto performante, belle et avec du caractère, c’est ce qui fait notre ADN.
Motosblog : La crise que le marché et que le monde en général connaît aujourd’hui, est-ce que chez Ducati vous estimez que c’est une chance pour vous ? On le voit aujourd’hui, les japonais sont un peu à l’arrêt , alors est-ce que c’est pour vous le bon moment pour grandir plus vite sur de nouveaux marché, vous regardez beaucoup vers les Etats Unis par exemple …Thierry Mouterde : je suis plutôt d’un caractère optimiste et il vaut mieux l’être par les temps qui courent mais ce qui est certain, c’est que Ducati a décidé aujourd’hui d’avancer, on ne peut pas faire de sur place sans reculer aujourd’hui.
L’avenir nous voulons le créer, pas le subir.
Nous devons être acteurs de notre destin en investissant de manière très importante, la Panigale le prouve.
Le marché de l’hypersportive ne va pas croître, c’est évident, il faut donc prendre les parts de marché aux autres.
Aux Etats Unis, c’est vrai que Ducati progresse avec des hausses de 40 à 50% des volumes de vente, c’est grâce à nos innovations, je crois.
Motosblog : Cette conjoncture, est-ce que c’est ce qui fait le prix “contenu” de la Panigale ? On s’attendait à ce qu’elle soit encore un niveau au dessus de la 11998 et finalement non …Thierry Mouterde : La Panigale est une moto qui a demandé un très grand budget R&D en interne, le prix reflète la moto, c’est presque une bonne nouvelle ce que vous me dites en m’annonçant quelle n’est pas chère.
Et c’est vrai qu’avec tout ce que l’on trouve de nouveau sur cette moto, le prix est très intéressant.
Maintenant dire qu’elle est pas chère, c’est une bonne surprise !Motosblog : dernière question, Rossi pour le business, c’est bon ?Thierry Mouterde : Moi qui vient de chez Dainese et qui ait connu Rossi à ses débuts, j’ai vu ce qu’il a apporté à Dainese.
Avoir Rossi à ses côtés c’est fantastique, qu’il gagne ou pas, on ne parle que de Rossi, c’est un “monstre”.
L’avoir, c’est nous garantir de grosses retombées.
Nous prenons souvent pour acquis la douceur et le confort de nos véhicules modernes, mais c'est grâce à un élément essentiel du système de suspension