Avec Rusty James (Francis Ford Coppola), L’Année du dragon (Michael Cimino), Barfly (Barbet Schroeder), Angel Heart (Alan Parker), La maison des otages (Michael Cimino) et autres, Mickey Rourke est considéré par la critique comme étant au sommet de son art.
L’un des plus talentueux héritiers de l’Actor’s Studio est en effet capable de dépasser en intensité les plus grands acteurs américains de l’époque.
Pourtant, le titre et la fiche technique de Harley Davidson and the Marlboro Man (Harley Davidson et l’homme aux santiags, en France) suffisent à se faire une idée sensiblement défavorable du film.
Contrairement aux autres films de notre rubrique Moto & Cinéma qui se suffisent à eux-mêmes pour vivre, celui-ci aurait besoin pas moins d’un avocat pour être défendu.
Harley Davidson et l’homme aux santiags – 1991Avant de fuir, on peut en effet se demander ce qu’un acteur de la classe d’un Mickey Rourke est allé se fourrer avec un réalisateur dont la filmographie laisse rêveur (Daryl, Sauvez Willy, Crocodile Dundee 3 et j’en passe, tous des super navets de sinistre mémoire).
De plus, ce dernier sait s’entourer d’une équipe charismatique, composée d’un scénariste vraiment trop fort (Mission Alcatraz, avec Steven Seagal), d’une productrice très avisée (Walker Texas Ranger, avec Chuck Norris) qui impose le respect et recycle ses figurants, d’un chef opérateur redoutable (Fortress, Scooby-Doo, Virus) et d’un monteur à l’origine de nombreux téléfilms (et de Jaws 3).
Autant dire qu’on ne peut pas lutter avec l’élite.
Avec le bon et méconnu Sables mortels (de Roger Donaldson, avec Willem Dafoe), il s’agit aussi du dernier tournage de Mickey Rourke avant sa descente aux enfers.
Il avouera plus tard avoir fait ce film uniquement pour l’argent.
Justement, si le film finit d’asseoir sa notoriété, il le discrédite en même temps du milieu sans attendre.
Certes, il avait fini par détester le milieu et se détester lui-même en tant qu’acteur.
On le voit surtout refuser de nombreux rôles à succès comme celui de Kevin Costner dans Les Incorruptibles, de Nick Nolte dans 48 heures, de Tom Cruise dans Rain Man, de Christophe Lambert dans Highlander et de Scott Glenn dans Le Silence des agneaux.
Il faut noter, qu’il s’essaya au travail de scénariste dans Homeboy (avec Christopher Walken) et quelques autres œuvres, hélas sans succès.
Comme une tentative d’auto-destruction et de défi de soir, il tente une carrière de boxeur (qu’il était déjà) professionnel à l’âge de 39 ans sous le surnom ‘El marielito’ (8 combats dont 6 victoires et 2 nuls).
Il arrête la boxe en 1995 et doit subir de nombreuses opérations chirurgicales du visage car il est quasiment défiguré (langue déchirée, nez cassé, pommettes écrasées…).
Son visage restera marqué et il sombre, ruiné et divorcé.
Sans emploi, il doit vendre sa collection de motos et son manoir de Los Angeles pour rembourser ses créanciers.
Il se voit aussi alléger de 30 millions de dollars, envolés avec le fameux escroc français Christophe Rocancourt.
C’est alors qu’il entreprend une thérapie, qui durera huit ans, pour se guérir de ses pulsions auto-destructrices.
Autour du changement de siècle, certains réalisateurs indépendants ne peuvent oublier le grand Mickey Rourke et lui proposent de brillantes apparitions dans des scènes de qualité comme Buffalo’66 (Vincent Gallo), The Pledge (Sean Penn), Animal Factory (Steve Buscemy) ou encore L’Idéaliste de Coppola (que je n’ai pas vu).
Mickey a tenté quelques coups dans Double Team (Tsui Hark) ou Get Carter (Sylvester Stallone).
Mais ce sont les réalisateurs comme Tarantino et Rodriguez (Il était une fois au Mexique, Sin City) ou Tony Scott (Man on fire, Domino) qui lui permettent de retrouver progressivement toute sa crédibilité, où sa présence crève l‘écran et fait oublier nombre de ses partenaires, notamment avec son très impressionnant rôle de ‘Marv’ dans Sin City.
Avec le fantastique Sin City en 2005 et le magistral The Wrestler (Darren Aronofsky) en 2009, Rourke obtient de multiples reconnaissances et voit sa carrière totalement relancée.
L’estime de la profession retrouvée, Mickey s’engage en 2010 dans de gros films en 2010, comme The Expendables (Sylvester Stallone) et Iron Man 2 (John Favreau).
Espérons néanmoins qu’il puisse ensuite prendre le parti de rôles de compositions où il excelle avec tant d’émotion et de sensibilité, souvent mélangée d’animalité et de douceur.
Ce parcours incroyable et unique permet de replacer Harley–Davidson and The Marlboro Man dans son contexte.
Pour tenter d’expliquer l’existence de cette série B, il faut revenir aussi sur la machine aux mains de Mickey Rourke qui est une Harley Davidson (FXRS de 1989 modifiée) très sauvage à l’époque (le double disque en atteste sur une H&D).
Cette moto nommée ‘Black Death’ fut construite pour participer à un film porté par Mickey Rourke intitulé The Ride resté sans suite.
Il avait lui-même dessiné les grandes lignes de son 1340 Evolution très modifié pour les membres du ‘Bartels Studio Rentals’ qui fournissent l’ensemble des productions hollywoodiennes en Harley–Davidson .
Très impliqué dans ce projet, c’est toujours Mickey Rourke qui définit le motif ornant le réservoir Fat-Boy de Softail.
A peine la moto terminée, la MGM proposa à l’acteur le premier rôle du futur Harley–Davidson and The Marlboro Man.
Mickey Rourke exige alors que la ‘Black Death’ soit de la partie.
Dès les premiers plans, le V-twin ‘S&S’ s’avère brutal et rude à mouvoir à basses vitesses.
La MGM fit construire toujours par ‘Bartel’ une copie conforme du FXR mais conservant une mécanique Harley Evolution stock.
C’est cette dernière moto que l’on voit dans la majorité du film, hormis dans certaines scènes d’actions où la puissance s’avère fort utile.
Une autre parenthèse pour évoquer cette Harley modifiée qui, en l’instar de la ‘Captain America’ de Peter Fonda dans Easy-Rider, jouit d’un réel engouement auprès des ‘Harley addicts’, à tel point que deux FXRS soit-disantes originales furent proposées sur le site d’enchères ‘Ebay’ à plus de 50 000 $.
D’ailleurs, Mickey Rourke a créé une société, la ‘Black death Motorcyle Inc’, qui propose des répliques quasi-identiques de cette FXR utilisant un moteur ‘Powerhouse’ dans un cadre spécifique.
‘Bartels’ de son coté propose une version contemporaine de cette moto sur la base d’un Harley–Davidson Softail Twin-Cam.
Dans le film, c’est Don Johnson qui est choisi pour former le binôme de l’histoire, acteur plus connu pour son rôle dans la série Miami Vice (produite par Michael Mann dont il réalisera un très bon long métrage contemporain en 2006) que pour celui de l’excellent film Hot Spot de Dennis Hopper (avec Jennifer Connelly).
Harley Davidson et l’homme aux santiags (disponible en DVD): sorti en 1991.
Réalisation : Simon Wincer.
Rôles : Mickey Rourke, Don Johnson, Vanessa Williams, Daniel Baldwin…Donc, nous nous trouvons dans un futur proche où deux marginaux, Harley Davidson et Marlboro, se retrouvent et décident de retourner au bar du ” Vieux “, qu’ils fréquentaient étant jeunes.
Mais en 1996, Burbank ne ressemble plus à la ville de leur adolescence.
Le Vieux est ainsi menacé d’expulsion par un homme d’affaires sans scrupules.
Révoltés, les deux copains n’ont pas l’intention de laisser faire ce dernier sans réagir.
Harley a sa petite idée sur la façon de ‘régler’ l’affaire : il envisage ainsi d’attaquer un fourgon blindé afin de payer l’homme d’affaires avec son propre argent.
Mais le fourgon blindé qu’ils viennent de braquer n’est pas rempli de billets de banque mais d’une nouvelle drogue.
C’est le début des ennuis…Dans « ce monde pourri », les deux compères anachroniques passent leur temps à philosopher (!) et… les lignes de dialogues font très mal.
Certaines scènes frisent même le ridicule.
Pourtant, avec un scénario aussi lourd de sens, les interprètes parviennent à trouver un jeu sur le ton de l’humour (du 1er au 3ème degré), sans se prendre au sérieux.
Trois fois hélas, le montage est également assez mou.
Pas de miracle possible mais le tout réussit quand même l’exploit d’aboutir à un film sympathique, presque irréel de cohérence et que l’on prend un certain plaisir à revoir.
On croit volontiers à la complicité de ces deux bras cassés, Mickey Rourke et Don Johnson.
On y apprend aussi des choses étonnantes comme transformer sa moto en projectile incendiaire sur l’ennemi, ou essentielles comme transporter sa passagère ‘avec style’ sur une monoplace.
Enfin, on y découvre ce qu’il vaut de traîner dans le coin avec un quatre cylindres japonais.
Passe ton chemin, étranger…Source photos : www.
toutlecine.
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