Nous avons été invité ces derniers jours au Mercedes–Benz Brand Workshop, directement au siège de Stuttgart.
Blogueurs venus du monde entier, des États-Unis à l’Australie pour en savoir plus sur la maison Mercedes et découvrir l’envers du décor.
Un workshop qui est parti du passé, avec l’épopée de Daimler, Benz, et Maybach, racontant 120 ans d’histoire de l’automobile, pour arriver à l’ultra technologie d’aujourd’hui et à la mobilité de demain.
Le Musée Mercedes de Stuttgart, le Mercedes–Benz Design Center de Sindlefingen et la piste de Malmsheim : voyage au centre de Mercedes.
Alexander Mankowsky : le futurologueLa personne que vous voyez sur la photo s’appelle Alexander Mankowsky, sociologue, philosophe, psychologue et futurologue pour Daimler AG.
L’expression futurologue peut faire sourire même s’il ne s’agit pas ici de prédire le futur mais d’en trouver le chemin.
En partant du passé et en étudiant l’évolution du “concept d’automobile” “et non pas de l’automobile comme objet matériel.
Nul ne pouvait savoir à l’avance que le moteur à explosion sur quatre roues aurait eu une telle destinée ou comment il aurait évolué.
Et pourtant c’est ce qui s’est produit en l’espace de vingt ans.
Voici quelques exemples de ce que l’on entend par “concept de l’automobile”.
L’automobile en tant que “rupture” par rapport aux contemporains en prenant comme référence le futurisme italien et son fameux manifeste : “Nous affirmons que la magnificence du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle, la beauté de la vitesse.
Une automobile de course, le capot entouré de gros tubes semblables à des serpents au souffle explosif…, une automobile rugissante qui semble courir sur la mitraille, est plus belle que la victoire de Samothrace… »“.
On exalte alors le danger : le danger est quelque chose de fascinant et la course en est son expression maximale.
Bien sûr les courses excitent encore aujourd’hui mais la sécurité se place avant tout.
L’ère nucléaire et l’espace.
Après la seconde guerre mondiale l’énergie nucléaire était perçue comme la solution à tous les problèmes.
Tout devient “synthétique” et ce qui est synthétique, quasi aseptique est le summum de la modernité, aliments en boîtes compris.
On pense alors à des autos à énergie nucléaire ou équipées d’éléments hérités de la conquête de l’espace.
Les automobiles commencent alors à prendre des formes fuselées avec des formes en pointe à l’arrière.
La pollution est un concept neuf.
Tout comme les expressions “réchauffement global”, “émission de gaz” qui font parti aujourd’hui de notre vocabulaire .
Nous devons retourner à la fin des années 50 pour trouver des études relatives à la pollution due par exemple au DDT.
Mais là encore nous constatons que des pratiques que nous percevons comme négatives, comme l’utilisation massive de désherbant, étaient alors vues d’un très bon oeil.
Le travail du futurologue est donc celui d’analyser comment a évolué le concept d’automobile dans le passé pour anticiper le scénario de développement dans le futur.
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De ce point de vue, le sentier a déjà été tracé durant ces dernières années.
L’idéal pour tous est une sorte de cycle fermé dans lequel il n’y aurait pas de déchets, où tout serait recyclé, comme c’est le cas dans la nature.
En même temps il faudrait réussir à éliminer les combustibles fossiles en utilisant des énergies propres.
L’automobile blanchit ainsi son image pour atteindre la pureté et l’innocence, comme Steve Jobs l’a fait avec ses produits Apple.
Un discours qui a été très pris au sérieux chez Mercedes, comme nous pourrons le voir au Centre de Style de Sindelfingen.
Le musée MercedesPour ce que Daimler et Benz ont réalisé au cours de leur vie, nous pouvons affirmer sans complexe que le Musée Mercedes est LE musée de l’automobile sans rien enlever aux autres grandes maisons de l’auto.
Réalisé à Stuttgart en 2006 par UNStudio van Berkel & Bos d’Amsterdam, elle accueille l’hérédité du petit musée de l’usine de 1923 et de celui reconstruit dans les années 60 à l’occasion du 75° anniversaire de la naissance de l’automobile.
16.
500 mètres carrés de surface, un parcours expo long de 1,5 à 5 km selon les préférences, 9 niveau d’exposition avec 160 véhicules d’une valeur inestimable.
Des chiffres impressionnants si l’on considère qu’il ne s’agit que d’une seule marque.
On monte au dernier étage pour descendre progressivement.
On part de loin, par la phrase prononcée par l’empereur Guillaume II d’Allemagne “Je crois au cheval, l’automobile n’est qu’un phénomène passager“.
L’empereur était loin d’être un visionnaire et encore moins un futurologue ! Mais si l’on observe les premiers modèles dont on peut également entendre le bruit, on doit avouer que Guillaume II n’avait pas tout à fait tord.
Qui aurait cru qu’avec un véhicule extrêmement bruyant, laid et puant, auraient pu remplacer dans les rêves des gens les lignes pures et gracieuses du cheval ? Nous sommes en face des premiers modèles exactement comme ils étaient proposés aux clients d’autrefois.
Les problèmes techniques rencontrés concernaient le moteur, les suspensions et les roues.
Plus tard on parlera de confort.
Le premier modèle de Carl Benz remonte à 1886 : 954 cc développant 0,55 kw capables de tracter le quadricycle à une vitesse maximum de 16 km/h.
Ensuite défilent les innovations, le quadricycle abandonne la forme du carrosse pour devenir plus semblable à une auto, arrivent les premiers camions et on pense aux moteurs pour véhicules volants.
Le système de refroidissement change progressivement, ainsi que le volant qui de la position verticale devient plus incliné.
Il est inutile de faire la liste de tous les modèles qui défilent sous nos yeux, elle serait longue et fastidieuse.
Ce qui est merveilleux à voir sont les progrès et l’ingéniosité qu’il a fallu pour obtenir les voitures que nous connaissons aujourd’hui.
Objets, fonctions et positions qui aujourd’hui nous paraissent évidentes mais qui sont le fruit d’un long cheminement.
Modèle après modèle les visiteurs peuvent admirer ces petites modifications qui sont à priori insignifiantes mais vues dans leur ensemble ont permis de créer l’automobile moderne.
Nous arrivons aux années 40, pour passer ensuite directement à l’après guerre jusqu’à nos jours.
C’est le moment de rappeler que le succès de toute cette ingénierie allemande est due au génie du design italien.
Nous nous référons évidemment à Bruno Sacco, à l’origine des modèles les plus fascinants de la maison de Stuttgart des années 60 jusqu’à 2006.
Ci-dessous vous trouverez quelques modèles présents au Musée (la liste complète des 75 images est disponible en cliquant sur une des miniatures) :Musée MercedesHans-Dieter Futschik et Martin Bremer : les designersNous voici rendus au Mercedes–Benz Design Center de Sindlefingen, réalisé par Renzo Piano en 1997, sans appareil photo, caméra ou téléphone : les photos de la galerie nous ont été fournies par le photographe officiel de Mercedes.
Nous sommes accueillis par Hans-Dieter Futschik qui nous explique comment est organisée l’équipe de travail qui s’occupe du design.
500 personnes de 20 nationalités différentes réparties dans les 6 sièges, dont 3 qui s’occupent de camions et fourgons distribués dans le monde entier.
Hérédité, qualité et proportions sont les 3 concepts clés sur lesquels se basent le design Mercedes.
On parle aussi de sportivité, non dans le sens de prestations mais plutôt comme habitude : sportivité peut signifier être jeune.
En ce moment Mercedes développe ses modèles selon la “dropping line“, qui distingue la carrosserie latérale des nouveaux modèles.
Les designers doivent évidemment s’adapter en fonction des marchés, aussi bien en ce qui concerne la forme, qu’en ce qui concerne les couleurs.
Ce n’est pas une surprise que le noir et l’argent soient les couleurs les plus prisées.
Par contre c’est plus étonnant de savoir que les jeunes soient plus conservateurs en matière de couleur.
On s’attendrait à ce qu’ils choisissent des couleurs fortes mais ils préfèrent finalement des couleurs plus traditionnelles.
En Asie et en Amérique c’est le blanc qui l’emporte.
D’un point de vue technique, le logiciel qui permet le rendering d’un modèle dans un environnement “réellement virtuel”, avec reflets et ombres, est très intéressant.
Des systèmes semblalbles sont utilisés à Hollywood depuis des années, mais ce qui surprend c’est la rapidité avec laquelle les images sont générées.
Rien de compliqué dans les manoeuvres du style Photoshop : une paire de clics suffisent pour que la photo du modèle soit prête comme s’il elle venait à peine d’être shootée par un photographe professionnel.
Nous demandons alors à Futschik où se trouve le secret de Mercedes : autant de personnes de nationalités différentes qui travaillent dans différents pays réussissent à donner au client la perception que l’on a à faire à une auto allemande.
“C’est vrai” dit Futschik “cela dépend de la manière de travailler.
Nous travaillons avec une histoire et une hérédité, nous tentons d’évoluer mais pas de nous dénaturer.
Qui travaille avec nous le sait.
Chacun travaille pour la marque et seulement pour la marque.
Lee mélange d’histoire, de tradition et d’évolution nous porte à créer des autos que l’on ressent comme étant allemandes.
Martin Bremer, designer des intérieurs, nous amène dans une zone du centre style qui ressemble à un atelier de couture.
Cuirs, tissus, bois, tout ce à quoi on serait en droit de s’attendre mais avec une concentration numérique et qualitative impressionnante.
Le métier d’interior designer ne se limite pas à trouver des nouveautés, rechercher les tendances, mais il consiste aussi à savoir commercer et dialoguer avec les fournisseurs.
Il faut avoir les pieds sur terre, car même si l’on pense avoir trouvé le matériau juste, faut-il encore être sûr que l’approvisionnement soit possible dans la durée aussi bien pour les nouvelles voitures que pour les pièces de rechange.
Si la disponibilité n’est pas certaine et garantie alors il faut trouver une autre solution.
En outre il faut tester les performances des différents matériaux pour les parties sujettes à l’usure, comme pour le sièges ou leur résistance aux agressions climatiques.
Breman nous présente l’une après l’autre les nouveautés de Mercedes, des tissus aux types de couture, au travail du cuir.
À propos de cuir, c’est un matériau aujourd’hui réservé aux autos de luxe alors que c’était le contraire par le passé.
Le siège conducteur était celui plus exposé aux intempéries et c’est pour cette raison qu’i était revêtu de cuir.
La grande bourgeoisie et l’aristocratie préférait donc se distinguer en choisissant du tissu souple et doux.
Une question qui aurait pu faire parler des futurologues de l’époque, s’ils avaient existé.
Même pour les intérieurs on est à la recherche de matériaux écologiques et bio-compatibles.
Sur les Mercedes on utilise toujours du vrai bois et non du simili.
C’est pour cette raison qu’il nous a été garanti que le bois utilisé provenait seulement de cultivation de plantes et non des forêts vierges.
Dans tous les cas on va vers des matériaux éco-compatibles comme par exemple les feuilles de bananes tressées, très légères avec un aspect final très intéressant.
Dernière visite dans une aire où sont présentés de nouveaux modèles.
Le regard est de suite attiré par l’Unimog verte qui semble tout droit sortie d’un film des 4 fantastiques.
Qui est la plus belle d’entre toutes ? Difficile de trancher.
Moment de solennité lorsque Futschik enlève le voile de la Nouvelle Classe B, qu’il ne sera pas permis de photographier.
Châssis plus bas mais position de conduite plus haute.
La dropping line, signe distinctif des nouvelles Mercedes sera présenté officiellement à Francfort.
Le modèle révélé était une pré-production avec quelques défauts.
Effectivement si l’on tourne un peu à Stuttgart on rencontre quelques Classe B avec un camouflage, signe qu’on est arrivé aux dernières phases.
La piste de MalmsheimNous arrivons à la piste Mercedes de Malmsheim.
Il s’agit de la piste d’un tout petit aéroport de tourisme, où il est possible d’effectuer quelques tests sur le mouillé.
Les autos à disposition sont nombreuses, mais il nous reste peu de temps.
Deux ou trois heures ne suffisent pas pour un test drive approfondi , mais cela suffit pour s’amuser un peu.
On nous propose de tester le système ESP, ou le freinage automatique qui entre en fonction lorsqu’on utilise le cruise control.
Très particulier le système d’aide au freinage : lorsqu’un obstacle ou une situation de danger s’approche, se déclenche des avertissements sonores, et la ceinture de sécurité se met en tension.
Soyons clairs, l’auto ne freine pas à votre place, il s’agit plutôt d’un freinage assisté.
Utile donc à certains moments de distraction ou pour baisser le temps de réaction au freinage.
Le petit tour sur la Smart électrique sur les routes ouvertes au trafic, nous a plu.
Malgré ses dimensions, le poids la pénalise un peu lorsqu’il s’agit d’accélérer de l’arrêt.
Elle est en mesure d’atteindre les 100 km/h, avec l’impression de voyager dans une voiturette de golf.
La différence se trouve dans le confort de la marche, car mis à part le moteur, il s’agit d’une Smart sous tous les plans.
Même discours pour la Classe A E-Cell, elle aussi complètement électrique grâce à un moteur de 70 kw.
Malmsheim MercedesIl n’y a aucune différence importante avec une Classe A traditionnelle, et le confort est quasi identique.
Encore plus silencieuse que la Smart, elle a une reprise et accélération typiques des autos électriques.
Quant à la Classe S 500, elle est la seule voiture dans laquelle je préfère personnellement voyager à l’arrière comme un Chef d’État, tellement elle est confortable.
Mention particulière pour la CLS63 V8 BiTurbo AMG.
Je ne suis pas très fan en ce qui concerne sa ligne, surtout pour la partie arrière mais cela importe peu.
Il suffit de la mettre en marche pour être subjugué par le doux bruit qui s’échappe du moteur.
Je choisi le setting sportif des suspensions en sacrifiant le mode “Eco”.
La boîte de vitesses AMG Speedshift MCT est à 7 rapports.
Cela ne sert pas à grand chos sur la route, à moins d’aimer être flashé par les radars.
Mais sur l’autoroute c’est le pied : 525 ch avec 250 km/h auto-limités de manière électronique.
Cela dit la circulation en fin de journée ne nous autorise pas une conduite hasardeuse.
Le petit tour sur l’autoroute dure trop peu, on doit rapidement rentrer à la base.
Nous avons touché le paradis avec un doigt, même pour un instant.
Retour à l’enfance quand nous disions “encore, encore !”.
Mais notre rendez-vous avec Mercedes touche à sa fin.
Espérons qu’il ne s’agit que d’un au revoir et que d’autres occasions se représenteront.
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