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« Législatives 2024: Électeurs Fleury-les-Aubrais prêts élire RN »

Lorsqu’on interroge Olivier Fontaine sur son âge, il répond avec humour : « J’ai le même âge que Brad Pitt », soit 61 ans. Malgré sa situation de chômeur de longue durée, il garde le sourire, en promenant son vieux chien dans la cité des Andrillons, entourée de blocs HLM en délabrement. Ces bâtiments aux façades blanches sont tristement bordés par la verdure environnante. Il s’agit d’un quartier prioritaire situé en périphérie d’Orléans, proche du centre-ville de Fleury-les-Aubrais, et l’un des trois quartiers défavorisés de cette agglomération du Loiret.

21 500 résidents cohabitent dans ce quartier. Des rangées de bâtiments peu séduisants ont été anarchiquement construites le long du nœud ferroviaire des Aubrais. Les résidents sont principalement des cheminots de l’après-guerre, une population plutôt jeune et modeste, avec 15,4% d’étrangers en 2020, selon l’Insee.

Avant de s’installer aux Andrillons où il entretient soigneusement l’appartement qu’il partage avec son fils de 21 ans, Olivier Fontaine a travaillé dans divers domaines, depuis directeur commercial à chauffeur-livreur. Il vient d’une famille aisée de Versailles et a un fort tempérament avec un contact facile. Lorsqu’il aperçoit la maire socialiste de la commune au loin, il l’appelle par son prénom. Il apprécie beaucoup cette élue socialiste qui dirige la municipalité depuis 2020.

« Carole Canette, une femme de cinquante ans proche de ses concitoyens, travaille assidûment pour améliorer le quotidien des résidents, en particulier leur accès aux services gouvernementaux. Cela n’a toutefois pas empêché M. Fontaine de se précipiter à la mairie le matin du 10 juin pour tenter de s’inscrire sur les registres électoraux. Il avait un objectif bien défini : soutenir le Rassemblement national (RN) avec son vote. Cette fois-ci, il ne comptait pas voter pour le Parti socialiste, qu’il avait soutenu pendant de nombreuses années. Son choix était net et il le déclarait sans hésitation. Comme si les résultats obtenus par le parti d’extrême droite lors des élections européennes (27,5 % des votes à Fleury, 34,8 % au niveau du département, 40,9 % dans la circonscription) l’avaient galvanisé.

Pour lui, et pour de nombreux autres habitants de Fleury, la victoire du premier candidat du RN, Jordan Bardella, semble avoir dévoilé de nouvelles perspectives. Des inhibitions ont été levées et des barrières franchies. Une aide-soignante d’origine algérienne, ayant voté pour la candidate du parti Renaissance, s’inquiète déjà d’un changement d’attitude chez ses voisins depuis le 9 juin. »

Ce n’est pas vraiment de l’espoir que ressentent ceux qui soutiennent le RN, la majorité des personnes interviewées n’ont guère d’illusions quant à une amélioration de leur quotidien. Plutôt, leur sentiment ressemble à la colère des « gilets jaunes » : ils s’opposent à la décadence de leur niveau de vie, à l’insécurité grandissante, à l’absence d’accès aux soins médicaux, à la complexité administrative, et par-dessus tout, à ces « élites » symbolisées par Emmanuel Macron. C’est un amalgame de vengeance et d’enthousiasme, une coexistence de fatalisme et d’un éphémère sentiment de puissance. Qui sait, après tout ? « Finalement, le RN est le seul parti que nous n’avons pas encore tenté », disent-ils en conclusion.
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