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« L’illusion du tourisme au Tchad »

Ávec un drapeau tchadien brandi avec fierté, Nassour Ali Kendy regarde le coucher du soleil depuis un éperon rocheux dominant les chutes de Gauthiot situées au milieu du parc national de Zah Soo (sud-ouest du Tchad). Même une petite dénivellation de 45 mètres ne parvient pas à réduire son excitation. « C’est notre trésor secret! » s’écrie le responsable d’une association appelée Chad Volunteers Organization qui se consacre à la promotion du patrimoine naturel du pays. Le choix du nom anglais vise à favoriser l’attraction hypothétique du pays en tant que destination touristique internationale. À ses côtés, une poignée de randonneurs vêtus de t-shirts turquoise arborant le slogan « Ça aussi c’est nous » prennent une photo. Ce qui signifie que le Tchad ne se réduit pas à la guerre et au désert.

Depuis son indépendance en 1960, ce pays, qui occupe une position stratégique à la croisée du Sahel et de l’Afrique centrale, a invariablement été le cadre de conflits et il est devenu un lieu privilégié pour les rébellions armées. Cette histoire a créé une image du pays comme une zone de turbulence et de violence, ce qui n’est pas très réconfortant pour les voyageurs étrangers potentiels.

Mais il y a sept ans, Nassour Ali Kendy et ses collègues ont accepté de relever le défi de changer cette image négative. «Nous avons eu l’opportunité d’étudier au Kenya et en Afrique du Sud, où faire un safari est une activité courante et le tourisme correspond à une véritable source de revenus», explique ce contrôleur aérien de 35 ans. « Nous nous sommes demandé: ‘pourquoi pas chez nous?' »

Le Tchad est un pays riche en paysages naturels et en faune, comprenant des parcs nationaux habités par des girafes et des éléphants, la réserve de l’Ennedi reconnue par l’Unesco comme patrimoine mondial, et des lacs abritant des lamantins menacés par le braconnage. « Nous avons toutes ces merveilles, mais personne ne le sait, pas même les Tchadiens! », se désole Nassour Ali Kendy.

Pour promouvoir ces beautés naturelles sur les réseaux sociaux, une association a fait appel à une équipe d’influenceurs équipés de smartphones de dernière génération, de batteries externes (car la zone manque presque totalement d’électricité) et d’un drone. « Dès que j’ai du réseau, je vais poster sur TikTok et Facebook! », dit Mahamat Soukaya, un membre de l’équipe, prenant des selfies à un rythme soutenu.

Bien que ces influenceurs viennent d’un milieu urbain aisé et semblent un peu déphasés par rapport à l’environnement naturel, ils sont néanmoins déterminés à partager leur expérience. Ils ont commencé leur randonnée dans le parc, vêtus de leurs bazin impeccables, tout en écoutant du rap à plein volume de leurs enceintes, tout en s’émerveillant de ne pas croiser d’animaux sauvages.

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