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« Participation et tractations, enjeux législatives 2024 »

Emmanuel Macron a annoncé des élections législatives anticipées suite à l’important revers de son groupe lors des élections européennes, le dimanche 9 juin, inaugurant un contexte de campagne expéditif jamais vu auparavant. Depuis 2002 et l’introduction du quinquennat, c’est la première fois que les élections législatives ne suivent pas directement les présidentielles. Les modalités spécifiques de ce vote visant à élire les membres de l’Assemblée nationale contribuent à son imprévisibilité.

A la différence des élections européennes, les députés français sont élus non proportionnellement mais par suffrage uninominal majoritaire en deux tours dans 577 circonscriptions. Les critères à remplir pour accéder au deuxième tour sont plus rigoureux qu’aux élections municipales ou régionales, ce qui confère un poids particulier aux discussions en cours entre les grandes forces politiques.

Les barèmes pour se qualifier au second tour sont élevés. L’implication des électeurs aux législatives est cruciale à divers égards. Au premier tour, un candidat peut être élu s’il obtient plus de 50 % des votes exprimés qui doivent représenter au moins 25 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. Seuls cinq candidats ont atteint cette double condition en 2022.

Dans les autres situations, un deuxième tour est prévu. Les deux candidats ayant récolté le plus de voix au premier tour sont automatiquement sélectionnés, indépendamment du taux d’engagement ou du nombre de voix en proportion du nombre d’électeurs inscrits.

Un troisième ou parfois un quatrième candidat peut se présenter au deuxième tour : on parle alors de « triangulaires » ou de « quadrangulaires », mais à une condition qui est directement liée au taux de participation : les votes qu’ils ont obtenus doivent représenter 12,5 % des électeurs inscrits. Ce seuil peut sembler bas, mais il demeure souvent dissuasif en réalité, en raison de la faible mobilisation aux dernières élections législatives.

En 2022, pendant les élections législatives, on a observé un taux d’abstention de 52,5% et un pourcentage de votes blancs ou nuls d’environ 1%, ce qui laisse seulement 46,5% des suffrages exprimés. Un candidat en troisième position devrait donc recueillir 26,9% des votes exprimés pour accéder au deuxième tour, ce qui est un objectif presque impossible à atteindre. De plus, on n’a enregistré que huit triangulaires pour 2022, comparativement à une seule en 2017. Il est également essentiel de noter que des circonscriptions où le taux de participation est inférieur à 37,5%, une triangulaire est mathématiquement improbable.

Les systèmes de votation en place favorisent généralement la formation de deux blocs politiques principaux. Cela se manifeste lors des duels du deuxième tour où le gagnant obtient une majorité parlementaire et le perdant devient une puissance d’opposition majeure. Cependant, les élections législatives de 2022 ont été une exception avec la formation d’un Parlement sans majorité absolue.

Le parti d’extrême droite a souvent été désavantagé par ce système. Pour exemple, en 2012 Marine Le Pen n’a occupé que la troisième position à la présidentielle avec 17,9% des voix, permettant à son parti de qualifier 59 candidats pour le deuxième tour des législatives, dont 28 triangulaires. En 2022 cependant, la candidate du Rassemblement national qui avait remporté 41,5% des voix au second tour, avait permis à 208 candidats RN d’accéder au second tour, dont 89 ont été victorieux.

La liste dirigée par Jordan Bardella aux élections européennes du 9 juin a obtenu un score impressionnant de 31,4 %. Cette performance présage une situation plus favorable pour le parti d’extrême droite le 30 juin. Il expose un remarquable avantage par rapport à ses concurrents, avec 14,6 % pour la liste Renaissance de Valérie Hayer et 13,8 % pour celle du Parti socialiste-Place publique de Raphaël Glucksmann.

Il est donc dans l’intérêt de chaque bloc politique de se présenter uni lors du premier tour des législatives. Après une présentation dispersée aux européennes, les écologistes, socialistes, « Insoumis », et communistes ont commencé à établir lundi 10 juin, les fondations d’un nouveau « Front Populaire ». Mardi, Eric Ciotti, le président du parti Les Républicains, a annoncé un accord avec le Rassemblement National, créant ainsi une crise majeure au sein de la droit.

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