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« Vertige Mortel de Barbe-Bleue à l’Opéra »

Koharu Yamamoto, danseuse âgée de 20 ans travaillant à l’Opéra national de Paris, a du mal à regarder en intégralité la vidéo de l’inquiétante Barbe-Bleue, créée en 1977 par la chorégraphe allemande Pina Bausch. Bien que troublée, lors de la répétition du mercredi 12 juin, la jeune danseuse a su imposer sa présence au sein de cette terrible histoire d’amour et de curiosité. Elle trouve réconfort et soutien en observant ses collègues de danse, et malgré son anxiété, elle préserve avec des cris forts et perçants.

Avant ce rôle, Yamamoto ne s’attendait pas à jouer dans une pièce aussi emblématique de la danse contemporaine. Elle avait anticipé avec joie de terminer la saison dansant Le Lac des cygnes. Cependant, le destin a choisi un autre chemin pour elle. Il y a un an, elle a été encouragée par José Martinez, le directeur de la danse, à passer une audition organisée par la Fondation Pina Bausch. Elle s’est prêtée au jeu, acceptant de faire les différentes activités inopinées demandées lors de l’audition, comme rire et pleurer. À sa surprise, non seulement elle a été sélectionnée parmi les quarante-cinq danseurs, mais elle a également obtenu le rôle de Judith, aux côtés de Léonore Baulac et Charlotte Ranson. Ayant donc dû dire adieu à Le lac des cygnes, elle a trouvé son nouveau foyer dans le château de Barbe-Bleue, avec ses sept portes et sa clé tachée de sang indélébile.

Le feu de l’horreur et de l’angoisse qui anime le conte de Perrault est intensifié par la musique de l’opéra créé en 1911 par Bela Bartok (1881-1945) et par la vision impitoyable de Pina Bausch. Dès notre entrée dans le studio, les cris stridents et les miaulements hystériques se mêlent à l’allemand, tandis que le halètement s’impose. Beatrice Libonati, membre emblématique de la compagnie Pina Bausch qui a interprété Barbe-Bleue aux côtés de son époux, l’inoubliable Jan Minarik (1945-2022), supervise la transmission de cet héritage. Tout en observant les enregistrements, elle explique les intentions derrière chaque mouvement. Sa recommandation : « Il ne s’agit pas de jouer un rôle, mais d’être et de vivre avec les épreuves que chacun a dû affronter dans sa vie. »

Tandis que le danseur Takeru Coste (Barbe-Bleue), captivant dans son long manteau, manipule le magnétophone, arrêtant soudainement la musique, la rembobinant avec fureur pour la relancer, des femmes le frôlent tout en caressant son visage. Comme pour taquiner une vilaine tentation, il déclenche le son et tend la main vers Léonore Baulac (Judith), révélant une facette tragique impressionnante d’elle-même.

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